Stéphanie Di Domenico et Domenico Matera, nos coups de cœur #433, partagent leurs émotions vives et nostalgiques. Tandis que l’une utilise la photographie comme exutoire à la suite d’une douloureuse rupture, l’autre capture des espaces abandonnés de sa région natale, en Italie.
Domenico Matera
« Par rapport à d’autres disciplines artistiques, la photographie a le pouvoir de communiquer en direct. Une sélection d’images peut devenir une exposition, une édition, et laisser sa marque sur les spectateurices. À travers ses clichés, un·e photographe trace un chemin, dissémine des idées, inscrit un trait indélébile sur le monde », déclare Domenico Matera. Pour l’auteur italien âgé de 22 ans, c’est l’émotion brute, celle qui résonne dans le temps et qui cause des turbulences des années plus tard qui importent. Initié au médium par son père, lui-même passionné, il se décrit aujourd’hui comme un observateur, capable d’établir une relation avec les différentes choses qu’il perçoit. Une démarche incarnée qu’il explore dans EarthSky. Le projet se lit comme un périple au cœur d’un espace abandonné de sa région natale. Là, parmi les champs fleuris et les roches pâles, se cachent des fermes rurales au charme passé, des oiseaux de proie guettant leur prochain repas. Tout un écosystème ignoré par la modernité. « Le silence n’est brisé que par les cloches que portent les vaches et les vents puissants qui enveloppent les collines nuageuses. Il me semble le voir danser dans l’herbe », raconte le photographe. Une immersion paisible dans un territoire authentique, où le brouhaha de la société contemporaine semble laisser place à cette sérénité qu’on ne parvient à ressentir qu’en osmose avec la nature.
© Domenico Matera
Stéphanie Di Domenico
Installée dans les Landes, Stéphanie Di Domenico débute la photographie à la suite d’une rupture amoureuse douloureuse. « Une autre femme a déjà pris ma place. Je pense alors que je ne remonterais jamais la pente. Je me cache souvent dans ma salle de bain pour pleurer et c’est là où je commence à me prendre en photo et faire connaissance avec celle qui traverse le miroir », confie la photographe âgée de 46 ans. Le médium agit alors rapidement comme un « antidote à l’amour ». Autodidacte, elle commence à se photographier quotidiennement. Puis, Another day before death voit le jour. Tel un exutoire, Stéphanie Di Domenico partage dans ce projet visuel ses états d’âme, ses pensées négatives. Bien que son univers baigne dans des teintes sombres, elle capture également des femmes qui souhaitent se réapproprier leur corps. Véritable processus thérapeutique, ces séances emplies de bienveillance et de poésie permettent à l’artiste d’aller plus loin dans sa pratique. « La photographie comme moyen de prendre soin de soi ? J’en suis convaincue », déclare-t-elle. Ses clichés, principalement en noir et blanc, s’inspirent notamment de la peinture italienne, de la renaissance et du baroque. Par ce choix de colorimétrie, Stéphanie Di Domenico souhaite mettre en avant la profondeur, la force et les émotions qu’il procure. « Au milieu de ce chaos, j’ai décidé de (sur)vivre. Croyez en vous ! », conclut la photographe.
© Stéphanie Di Domenico
Image d’ouverture : © Stéphanie Di Domenico