Les coups de cœur #438

24 avril 2023   •  
Écrit par Ana Corderot
Les coups de cœur #438

Cette semaine, nos coups de cœur #438, Marine Raimbaud et Boyan LI racontent l’humain en poésie et douceur. L’une cherche à capturer les élans de vie, quand l’autre injecte beaucoup de malice dans ses créations.

Marine Raimbaud

« Je cherche la vie. Une émotion, un regard, un mouvement. J’aime beaucoup pratiquer à l’argentique pour ça, une seule prise de vue, et c’est dans la boite. J’aime la magie du grain aussi. Un paysage seul ne va pas spécialement m’inspirer, il me manque quelque chose. J’ai le besoin de mettre en lumière une personnalité. », avoue avec lucidité Marine Raimbaud. Installée à Saint Gilles Croix de Vie en Vendée – les fenêtres ouvertes sur l’océan atlantique –, elle s’est tournée vers le 8e art grâce à sa mère, grande amatrice de portraits, avant de le délaisser au profit de la peinture acrylique. Ce n’est qu’à partir de 2020, alors qu’elle se procure un Fujifilm xt4, qu’elle reprend goût à l’image et à sa capacité de construire avec la lumière autant que dévoiler l’humain. « Je suis une très grande fan de Xavier Dolan ! Les relations humaines sont au centre de son art et ça, j’adore. La complexité d’une relation. Sa façon de filmer, les gros plans sur certains détails physiques, les vêtements, accessoires, la couleur, les musiques… J’aime tout. J’ai dû visionner Mommy une dizaine de fois, surement l’un de mes préférés avec le splendide Laurence Anyways. Coloré et sombre à la fois », explique-t-elle. À l’instar de ses influences cinématographiques, ses images révèlent avec douceur des éléments à la simplicité rassurante. S’amusant des teintes, des effets de sous-exposions ou de surexpositions, Marine Raimbaud laisse les visages et les corps réagir, danser, s’émerveiller sans les déranger. Elle les encapsule dans leurs envolées, les dérobant au sommeil, en un clic. Et dans l’ensemble de son œuvre, une protagoniste revient assez naturellement, comme un liant à tout le reste. « Je me baigne toute l’année été comme hiver dans l’océan. C’est un véritable rituel, un temps pour déconnecter. Le lien avec l’eau est bien réel. J’ai beaucoup d’images à la mer, car je suis attirée par la photographie en extérieur accompagnée d’une lumière authentique. La mer est mon environnement, ma maison, alors c’est mon terrain de jeu. »

© Marine Raimbaud© Marine Raimbaud
© Marine Raimbaud© Marine Raimbaud
© Marine Raimbaud© Marine Raimbaud

© Marine Raimbaud

Boyan LI

Né en Chine, et ayant clôturé ses études d’arts plastiques à la Sorbonne, Boyan Li – ou Simon, son surnom emprunté à un film français –, travaille désormais à Paris en tant que photographe, répondant à la fois à des commandes et à ses envies personnelles. C’est assez tôt qu’il se confronte au médium, d’abord à travers les albums de famille feuilletés avec son grand-père, puis plus tard alors qu’il photographie les alentours de la Cité interdite lors d’un voyage avec ses parents. De ces premiers tâtonnements artistiques, Boyan Li a bien muri, et son identité photographique avec. « Je photographie, je construis et je détruis. Chaque élément a toujours eu une signification claire, il n’existait pas de choses indicibles, tout était dit et résolu, comme dans la photo, en un “clic” : chose conclue et figée. C’est révolu et on n’en parle plus. On tourne la page. Quand je regarde dans ce passé à l’aide des photographies, la mémoire altérée forme des scènes de vie complètement autonomes par l’erreur et par l’imagination, ce qui me trouble. La photographie en tant que preuve d’un temps presque “physique” et “fictive” me fascine ». Caractérisé par ses ami·es de personne sarcastique, l’artiste se considère davantage comme un conteur d’émotions, qu’elles soient légères, ironiques ou oniriques, et se joue des idées préconçues. Inspiré par les beaux livres, les voyages et tout particulièrement par le symbolisme rimbaldien, Boyan Li part puiser dans son intuition et dans ses ressentis inconscients afin de composer des petites histoires fantasques. « Parfois, mes cauchemars sont source d’inspiration et m’incitent à réfléchir à ma propre existence. Par exemple, j’en ai fait un dans lequel je me trouvais au milieu de la salle des glaces du château de Versailles, sur le lit royal de Louis XIV, en train d’avoir des relations sexuelles avec un melon. Tout à coup, les miroirs se sont brisés et derrière, des milliers de journalistes me photographiaient avec des flashs flamboyants. Au réveil, ça m’a poussé à interroger la notion de “voir” et “d’être vu” », déclare-t-il amusé. Alors avec un brin de dérision et une couche d’esthétisme, il nous raconte des « récits parallèles » de notre monde réel.

© Boyan LI© Boyan LI

© Boyan LI

© Boyan LI© Boyan LI

© Boyan LI

© Boyan LI

Image d’ouverture © Boyan LI

Explorez
Marc Riboud : dix ans de conflit vietnamien dans une exposition
À la sortie de l'école dans un village de la côte, Nord Vietnam, 1969 © Marc Riboud / Fonds Marc Riboud au musée Guimet
Marc Riboud : dix ans de conflit vietnamien dans une exposition
Le musée Guimet des Arts asiatiques et l’association Les Amis de Marc Riboud s’unissent pour présenter l’exposition Marc Riboud –...
18 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Basile Pelletier et Sølve Sundsbø conversent : « La curiosité est ma principale source d'inspiration »
Le linge, 2021 © Basile Pelletier
Basile Pelletier et Sølve Sundsbø conversent : « La curiosité est ma principale source d’inspiration »
Le jeune talent Basile Pelletier, 21 ans, ancien élève de la section art et image de l’école Kourtrajmé, échange avec le photographe...
17 avril 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
La sélection Instagram #502 : rebelle un jour, rebelle toujours
© Piotr Pietrus / Instagram
La sélection Instagram #502 : rebelle un jour, rebelle toujours
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine font résistance. Résistance contre l’oppression, contre les diktats, contre les...
15 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Fotohaus Bordeaux 2025 : des existences engagées
© Olivia Gay
Fotohaus Bordeaux 2025 : des existences engagées
La quatrième édition de Fotohaus Bordeaux a commencé. Jusqu’au 27 avril 2025, l’Hôtel de Ragueneau accueille l’événement qui, cette...
12 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Dans l'œil de SMITH : métamorphose des sols
Dami (Fulmen), 2024 © SMITH, Courtesy Galerie Christophe Gaillard.
Dans l’œil de SMITH : métamorphose des sols
Aujourd’hui, plongée dans l’œil de SMITH, qui nous révèle les dessous de deux images issues de sa série Dami (Fulmen), réalisée lors de...
Il y a 6 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #540 : Rosalie Kassanda et François Dareau
© Rosalie Kassanda
Les coups de cœur #540 : Rosalie Kassanda et François Dareau
Nos coups de cœur de la semaine, Rosalie Kassanda et François Dareau, arpentent les rues du monde en quête de quelques étonnements et...
Il y a 11 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
© Louise Desnos
Les images de la semaine du 14 avril 2025 : mémoire et conversations
C’est l’heure du récap ! Récits intimes, histoires personnelles ou collectives, approches de la photographie… Cette semaine, la mémoire...
20 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Eulogy : Sander Coers et les traumatismes intergénérationnels
© Sander Coers
Eulogy : Sander Coers et les traumatismes intergénérationnels
Au fil de ses projets, Sander Coers sonde la mémoire en s’intéressant notamment à l’influence que nos souvenirs exercent sur notre...
19 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet