Jérémy Bauduffe et Colette Saint Yves, nos coups de cœur #439, expérimentent le médium à leur propre manière. Tandis que l’un se spécialise dans le portrait, à la frontière de la photo de mode, l’autre s’imprègne de la nature pour capturer des images instinctives et cinématographiques.
Jérémy Bauduffe
« Après plusieurs années à pratiquer le médium, en passant par la photo de paysage, à la mode, c’est dans le portrait que j’ai trouvé mon épanouissement », confie Jérémy Bauduffe âgé de 27 ans. En parallèle de son activité de photographe, le portraitiste, installé à Montreuil, est régisseur dans un studio photo parisien et développe depuis peu une activité de direction artistique dans la photographie de mode. Jérémy se nourrit au quotidien de ses différentes expériences professionnelles pour construire son identité visuelle. Ses images se teintent de couleurs chatoyantes et prennent place dans un environnement rempli de douceur. Une cagoule, des cerceaux colorés ou encore un morceau de tulle vaporeux… Il organise avec une précieuse minutie ses shootings tout en veillant à sublimer l’humain. « Dans le portrait, j’aime me focaliser sur les personnes, les mettre en valeur, essayer de faire ressortir leur personnalité, leur caractère. Derrière cela se cache aussi une dimension sociale. La rencontre et la communication sont la clé d’un portrait réussi. J’ai beau donner des conseils sur des poses, des expressions, si je n’ai pas créé de la confiance et un espace “ safe ”, le rendu final sera moins percutant », explique l’artiste originaire de la Mayenne. Du romantisme à la peinture hollandaise du 17e siècle en passant par l’univers de Lana Del Rey et de Florence Welch, il ne cesse de s’inspirer par le biais de différents supports artistiques. Concernant le 8e art, sa plus grande inspiration vient de Szilveszter Makó pour « son travail de lumière incroyable et ses photos fantastiques ». En déconstruisant les genres et les habitudes, Jérémy Bauduffe livre un regard novateur sur l’exercice si épineux qu’est le portrait.
© Jérémy Bauduffe
Colette Saint Yves
Colette Saint Yves, de sa véritable identité Hortense Lagrange, débute sa pratique photographique grâce à sa passion dévorante pour le cinéma qu’elle étudiait au lycée. « On me dit souvent que mes photos évoquent le surréalisme-documentaire. Je me suis beaucoup nourrie des films de Jean Epstein et Germaine Dulac. J’essaye de montrer le “ bizarre ” dans le “ normal ” et inversement », explique la photographe autodidacte âgée de 35 ans. Une mygale en double exposition sur un visage mélancolique ou encore un corps nu embrassant un champ de blé, son univers visuel baigne dans une atmosphère tant étrange que poétique qui interpelle notre regard. Majoritairement en noir et blanc, ses clichés s’inspirent pleinement de l’ère du cinéma muet. « J’ai l’impression que le noir et blanc donne une profondeur d’âme aux sujets que je prends en photo, une sorte de révélateur que je retrouve moins dans la couleur, même si j’aime la travailler, surtout avec des pellicules qui distordent les couleurs de la réalité pour mieux la révéler », précise l’artiste installée à Lille. Colette ne cesse d’expérimenter le médium analogique et préfère laisser le hasard opérer. Par ailleurs, elle shoote essentiellement à la lumière naturelle, au cœur de la nature. Elle confie à ce sujet : « J’ai beaucoup de mal à trouver l’inspiration en milieu urbain, j’ai besoin d’espace afin de confronter la chair au minéral et au végétal. » Son image préférée ? Celle de sa nièce dans un champ rempli de marguerites lors d’un ardent été pour son aspect éthéré et intemporel. Composé d’images fixes, le long métrage de Colette Saint Yves transporte les spectateurices dans un scénario mystérieux qui éveille la curiosité.
© Colette Saint Yves
Image d’ouverture : © Jérémy Bauduffe