Avec Ludovic Jaunatre et Le Massi, nos coups de cœur #440, l’humain et le paysage sont de grandes sources d’inspiration. Chez l’un, c’est davantage l’intériorité qui prime, quand l’autre part voir au-dehors, en plein voyage.
Ludovic Jaunatre
Né à Nantes et diplômé de l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, Ludovic Jaunatre a véritablement commencé à pratiquer la photographie dans les années 2000. À l’époque, il ne travaille qu’à l’argentique, en noir et blanc, et photographie les personnes « à l’écart » dans les soirées parisiennes. Toujours attiré par les monochromes, pour leur capacité à « créer une forme de parenthèse temporelle qui trouble le spectateur », il s’intéresse aux relations entretenues par l’homme, avec ce qui est obstrué, invisible. « Je cherche dans mon travail à rendre compte des tensions et des apaisements que l’humain ressent, que ce soit au sein de son entourage familier, mais aussi à l’intérieur de son territoire. Le portrait pour moi doit être appréhendé comme le paysage, c’est à dire comme une étendue que l’on contemple, que l’on observe dans laquelle nous projetons un peu de nous-même », explique-t-il. De ses premiers lieux de shooting aux effluves alcoolisés, il part à la conquête du grand air, des espaces de pleine nature, où défilent parfois des formes d’existence. « La photographie fait partie de ma vie et de mon quotidien, même sans appareil, je “photographie”, je repère jusqu’au moment où je rencontre une personne qui m’inspire, un paysage, un objet ». Entretenant un rapport très personnel à l’image, Ludovic Jaunatre s’amuse, à la manière de Nan Goldin – dont il admire le travail – à mêler l’intime et la fiction pour créer mille et un récits de la nature humaine.
© Ludovic Jaunatre
Le Massi
C’est après une dizaine d’années de création collective – au sein d’un groupe de musique – que Le Massi s’est tourné vers le médium photographique. « Il m’a semblé que le 8e art avait cette qualité de fabrication plus individuelle, et je pense que c’est une chose dont j’avais besoin », se souvient-il. À Montréal, l’auteur canadien, aujourd’hui installé à Paris, se forme et découvre l’histoire riche de la discipline. « J’ai toujours été attiré par le pouvoir qu’une seule image peut avoir, sa force narratrice et évocatrice », poursuit-il. C’est pourtant à l’aide de diptyque qu’il compose sa série Here We Are. Un travail s’inspirant de « [s]es premiers instincts et du désir de capter des mises en scène éphémères ». Féru de voyages, le photographe s’est intéressé à un « voyeurisme inversé », tournant son objectif vers les paysages et sites culturels, et celles et ceux qui les traversent. De ces observations, naissent des fulgurances poétiques ou amusantes, qui dialoguent étrangement entre elles. Comme si, en couplant ces territoires, ces instants, Le Massi parvenait à composer un imaginaire collectif au détour de différentes destinations. Une illustration parfaite de notre besoin de voyager loin, peu importe les conséquences, peu importe la direction. « C’est la quête qui prédomine », conclut-il sagement.
© Le Massi
Image d’ouverture © Le Massi