Les coups de cœur #496 : Frédéric Murarotto et Benjamin Achour

Les coups de cœur #496 : Frédéric Murarotto et Benjamin Achour
© Benjamin Achour
© Frédéric Murarotto, Red (ghosts) carpet

Frédéric Murarotto et Benjamin Achour, nos coups de cœur de la semaine, offrent d’autres perspectives aux sujets qu’ils immortalisent. Le premier conçoit une nouvelle imagerie de la montée des marches du Festival de Cannes quand le second montre les complexes hôteliers inachevés du désert du Sinaï.

Frédéric Murarotto

Journaliste et photographe pour le monde de la culture, et en particulier celui du cinéma, Frédéric Murarotto ne cesse de développer son propre style et son univers. Ses images se présentent à nous « picturales et teintées d’humour, artistiques ou burlesques », ainsi qu’il les décrit lui-même, « croisant lumières chaudes et scènes insolites pour vous happer dans (s)a cinématographie du quotidien », poursuit-il. Dans Red (ghosts) Carpet, une série de photos prises lors d’une montée des marches au Festival de Cannes, on retrouve cette perception décalée et absurde du monde qu’il revendique, exagérant le flux continu de figures célèbres ou anonymes entremêlées. Apparaissant en costumes, robes et talons aiguilles, aucune d’entre elles n’est reconnaissable, car prises dans un tourbillon qui tournoie puis s’évapore presque simultanément. Frédéric Murarotto, en recherche ici d’une esthétique novatrice de l’« anti-Instagram », éveille nos esprits et attire notre attention sur une certaine comédie, celle de l’éphémère mercantile. 

© Frédéric Murarotto, Red (ghosts) carpet
© Frédéric Murarotto, Red (ghosts) carpet
© Frédéric Murarotto, Red (ghosts) carpet
© Frédéric Murarotto, Red (ghosts) carpet
© Frédéric Murarotto, Red (ghosts) carpet
© Benjamin Achour

Benjamin Achour

« Mon travail cherche à montrer les conséquences de la guerre sur le paysage. Il vise à rendre visible ce que l’on a tendance à ignorer car abîmé ou dégradé », explique Benjamin Achour. C’est à la suite d’un voyage dans le désert du Sinaï que cet ancien étudiant de l’ENS Louis Lumière décide de réaliser un projet sur ce territoire disputé. Alors qu’il était occupé par une population bédouine pour l’essentiel, l’Arabie Saoudite et l’Égypte souhaitaient la transformer en zone d’échanges et de tourisme leur profitant. « Cependant, la révolution égyptienne et l’implantation de Daesh dans le nord du Sinaï ont participé à l’instabilité de la région et ont fait fuir les investisseurs », explique le photographe parisien. Au fil de ses images se découvrent ainsi les vestiges de complexes hôteliers inachevés, qui peuplent désormais une large portion de cet espace. « Cette série explore une région soumise à de nombreuses tensions. Terre biblique, très peu habitée, elle est devenue un champ de ruines contemporain », conclut-il.

© Benjamin Achour
© Benjamin Achour
© Benjamin Achour
© Benjamin Achour
À lire aussi
Les coups de cœur #495 : Victoria Vinas et Evgeniya Strygina
© Victoria Vinas
Les coups de cœur #495 : Victoria Vinas et Evgeniya Strygina
Victoria Vinas et Evgeniya Strygina, nos coups de cœur de la semaine, appréhendent la photographie comme une manière de répondre aux…
03 juin 2024   •  
Les coups de cœur #494 : Salome Jishkariani et Luthor
© Salome Jishkariani
Les coups de cœur #494 : Salome Jishkariani et Luthor
Salome Jishkariani et Luthor, nos coups de cœur de cette semaine, emploient le 8e art pour sonder le monde qui les environne. Si la…
27 mai 2024   •  
Explorez
Just My Luck : à qui la chance ?
Screenshot montrant les boules 41 et 42 coincées - Just My Luck. © Cécile Hupin et Katherine Longly
Just My Luck : à qui la chance ?
L’Institut pour la photographie de Lille présente une troisième exposition hors les murs dans les espaces de convivialité du Théâtre du...
Il y a 2 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Arielle Bobb-Willis célèbre la vie
© Arielle Bobb-Willis
Arielle Bobb-Willis célèbre la vie
Issue du mouvement de l’avant-garde noire contemporaine que nous présentons dans notre dernier numéro, Arielle Bobb-Willis capture le...
28 mars 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Algorithmes 
sous influence
© Lena Simonne, backstage du show Étam 2024 à Paris.
Algorithmes 
sous influence
Autrefois dominé par les magazines et les photographes, le secteur de la mode s’est transformé sous l’impulsion...
27 mars 2025   •  
Écrit par Anaïs Viand
Focus : capitalisation du corps, tourisme strassé et indépendance
Unprofessional © Matilde Ses Rasmussen
Focus : capitalisation du corps, tourisme strassé et indépendance
Créé par les équipes de Fisheye, Focus est un format vidéo innovant
qui permet de découvrir une série photo en étant guidé·e par la...
26 mars 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Just My Luck : à qui la chance ?
Screenshot montrant les boules 41 et 42 coincées - Just My Luck. © Cécile Hupin et Katherine Longly
Just My Luck : à qui la chance ?
L’Institut pour la photographie de Lille présente une troisième exposition hors les murs dans les espaces de convivialité du Théâtre du...
Il y a 2 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Comédie, étrangeté et légèreté : 18 séries photographiques pour sourire
De la série Extrem Tourism, 2011 © Thomas Mailaender
Comédie, étrangeté et légèreté : 18 séries photographiques pour sourire
Canulars, farces et attrapes et étrangetés rythment chaque année cette première journée d’avril. Pour célébrer le poisson d’avril, la...
01 avril 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La sélection Instagram #500 : une bonne blague
© Théophile Baye / Instagram
La sélection Instagram #500 : une bonne blague
Aujourd’hui, attention à votre dos. Celui-ci pourrait être rempli de petits poissons et autres farces si typiques de ce premier jour...
01 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Dans l’œil de Kourtney Roy : une atmosphère parfaite pour une séance photo
© Kourtney Roy
Dans l’œil de Kourtney Roy : une atmosphère parfaite pour une séance photo
Cette semaine, nous vous plongeons dans l’œil de Kourtney Roy, lauréate, en duo avec le compositeur Mathias Delplanque, de la 6e édition...
31 mars 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet