Aurélia Sendra et Hugo Payen, nos coups de cœur de la semaine, figent les instants de milieux disparates. La première prend pour cadre des concerts de metal tandis que le second puise l’inspiration au gré de ses pérégrinations dans les rues.
Aurélia Sendra
C’est en 2021 qu’Aurélia Sendra a commencé à immortaliser le milieu du punk hardcore, du stoner et du doom. Les concerts reprenaient alors peu à peu, et la photographe, adepte de ces sonorités, redécouvrait cette scène musicale et son public, les convictions et les politisations qui les animent. Portée par une volonté de constituer des archives, elle souhaitait témoigner de l’évolution du metal en France où, l’année passée, il a grandement gagné en popularité. « J’ai eu envie de photographier ce moment d’âge d’or, comme si, comme cela, il pouvait perdurer », explique-t-elle. Ses portraits cristallisent ainsi l’effervescence d’une culture. Ils capturent « l’état de transe » des artistes au cours de leurs performances et l’ambiance qui règne dans la salle, l’engouement des fans. « Dans mes clichés, j’ai toujours à cœur de mettre une part un peu poétique. J’utilise une palette de couleurs qui rend les choses plus nostalgiques, aussi », explique-t-elle. À travers cette démarche, elle souhaite finalement « raconter de manière presque anthropologique cette nouvelle génération ».
Hugo Payen
« J’aime bien voir mon approche comme un monde en perpétuelle construction. Je réagis beaucoup avec les émotions qui me traversent. Je suis quelqu’un de très mélancolique. J’écris pas mal sur la scène musicale sur le côté, et j’aime dire que, souvent, la mélancolie que m’apporte la musique déborde un peu à travers mes objectifs », déclare Hugo Payen. Journalise de profession, le photographe bruxellois considère la ville comme une toile propice à cette expression, mais également à l’expérimentation. Cet attrait pour l’image prise sur le vif remonte à ses 12 ou 13 ans, au moment où ses parents lui ont offert son premier boîtier. « Depuis des années, je ne peux pas sortir de chez moi sans un appareil – argentique comme numérique – dans mon sac. Je pense que c’est l’idée de pouvoir raconter le réel qui m’attire plus que tout », assure-t-il. Un voyage à New York a ensuite scellé son envie de figer les instants qu’il perçoit, quelle que soit leur nature. « J’adore porter le regard sur les choses les moins évidentes. C’est Samuel Forey, un journaliste indépendant français, qui explique dans son livre Les Aurores incertaines que les meilleures histoires sont celles qui ne font pas de bruit. Cette idée, elle me reste en tête en permanence », conclut-il.