Les sujets de Claudia Revidat et Sarah Carrier, nos coups de cœur de la semaine, se révèlent dans des teintes chaudes. La première témoigne du quotidien de familles qui travaillent dans l’extraction du sel en Ouganda. La seconde raconte, quant à elle, les histoires d’artistes en immortalisant leur intérieur.
Claudia Revidat
Dans des teintes solaires se découvrent des silhouettes brunes. Elles s’adonnent à une chorégraphie marquée par un rythme répétitif. Dans les eaux se trouve un sel cristallisé qui laisse sa trace sur les corps. Comme le suggère le nom de la série de laquelle sont issues ces images, le labeur est pénible. From Dusk Till Dawn se présente comme un cycle éternel où du crépuscule à l’aurore, des êtres s’épuisent à mesure que leurs rêves d’avenir s’évaporent. « L’idée de ce projet m’est venue en explorant des communautés confrontées à des conditions de travail extrêmes. En Ouganda, dans le lac Katwe, j’ai été bouleversée par les récits de familles où, dès l’âge de 5 ans, des enfants affrontent les dures réalités de l’extraction de sel. Ces histoires de survie silencieuse, empreintes de résilience, m’ont poussée à mettre en lumière ce combat quotidien », explique Claudia Revidat. L’humanité et la solidarité dont font preuve ses modèles infusent ses portraits, réalisés au boîtier argentique, pour la lenteur qu’il implique, et souvent éprouvés par des expérimentations. Par ce biais, elle souhaite attirer l’attention sur les conséquences d’un tel mode de vie. « C’est une ode à leur résilience et une invitation à regarder au-delà des apparences », assure-t-elle.
Sarah Carrier
« Il y a quelques années, j’ai emménagé dans une petite maison du 20e arrondissement, qui fait également office d’atelier de travail. Pendant près de dix ans, j’ai chiné des meubles des années 1970, sélectionné, modifié les photos installées au mur et les objets qui m’entourent. En prenant du recul, j’ai pris conscience des effets de mon environnement sur ma créativité, mais aussi de son caractère évolutif, qui change en fonction de mes désirs et passions du moment », explique Sarah Carrier. Dans le prolongement de ce constat, la photographe canadienne, désormais établie à Paris, a souhaité explorer la relation qu’entretiennent les artistes avec leur intérieur. Au cours de ce processus, une question lui restait à l’esprit : « Est-ce que la manière dont nous aménageons nos espaces est influencée par notre éducation, notre cercle social, nos origines culturelles, ou par un besoin d’inspiration ? » C’est ainsi qu’est née la série Artists at Home, qu’elle espère pouvoir, un jour, consigner dans un ouvrage. Nourries de discussions ayant eu lieu lors des séances photo, les images traduisent des histoires personnelles, lèvent le voile sur des éléments chargés de significations intimes. La diversité des parcours apparaît alors avec subtilité.