Les coups de cœur #531 : Carmen Cabello et Yorgos Kapsalakis

10 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #531 : Carmen Cabello et Yorgos Kapsalakis
© Carmen Cabello
Page de carnet avec deux photo : une de ciseaux et l'autre d'un paysage maritime
© Carmen Cabello

Carmen Cabello et Yorgos Kapsalakis, nos coups de cœur de la semaine, nous entraînent dans deux balades visuelles et poétiques où il est question d’amour et de recherche de soi. Si la première combine la photographie avec l’archive et l’écriture pour appréhender les relations intimes de manière politique, le second dénoue sa mémoire en captant ses rêves d’antan et en les dévoilant dans une chambre noire à l’aide de procédés analogiques.

Carmen Cabello

« Je cherche à matérialiser le lien fragile, mais profond, entre l’être humain et son environnement, en embrassant à la fois le collectif et le personnel », soutient Carmen Cabello. La photographe, qui a découvert le médium par l’appareil argentique de sa maternelle, l’approche avec réflexion et sensibilité. Croisant ses clichés avec des images d’archives de ses ami·es ou de sa famille et l’écriture –  qu’elle conçoit comme une extension de la photographie –, elle compose des projets d’exploration, d’expérimentation, des récits d’amour et de vulnérabilité. « Je pense que je suis très intime – ou très envahissante, cela dépend de la perception de chacun·es, confie l’artiste. La photographie me permet de sonder les limites de la connexion et de l’expression personnelle. » Citant Nan Goldin pour sa narration brute des émotions et Rinko Kawauchi pour sa capacité à voir la beauté silencieuse dans le quotidien comme source d’inspiration, Carmen Cabello s’approprie la thématique de l’amour de manière politique. Explorant autant « la tendresse, le désir, l’indifférence, la perte et son rôle dans le maintien de l’oppression systémique », elle transcende ce sujet souvent relégué à l’adolescence selon elle. « Tout le monde s’endort un peu dessus, comme si c’était une question d’adolescente. Mais ce n’est pas seulement pour les jeunes ! », rétorque-t-elle avec conviction. Si elle avoue ne pas encore avoir trouvé la bonne manière de l’aborder, les expérimentations photographiques et sa plume la conduisent sur le chemin propice à prendre. 

deux visages allongés l'un sur l'autre baignés par la lumière du soleil
© Carmen Cabello
Émulsion de polaroid, personne se baignant dans la mer
© Carmen Cabello
© Carmen Cabello
Escalier en bois avec un casque de moto et du linge blanc
© Carmen Cabello
© Yorgos Kapsalakis

Yorgos Kapsalakis

Dans l’obscurité de la chambre noire, Yorgos Kapsalakis poursuit ses rêves d’enfant. Il les questionne, puis les révèle à l’aide de la photographie et des techniques de développement et de tirage analogique. Dans sa série Death will come bearing your eyes, l’artiste visuel, installé à Athènes, inspecte les songes répétés durant sa jeunesse. « Au fur et à mesure que le travail avançait, j’ai réalisé que la formation des rêves provenait des superstitions de mon cercle intergénérationnel. Par le biais du médium, je cherche l’origine de ces rêves ainsi que la manière dont ils sont inextricablement noués à ma famille », suggère-t-il. En empruntant le titre de son projet au poète italien Cesare Pavese – « qui, dans les dernières pages de son journal, analyse à travers “l’archétype héréditaire” la relation entre la mort et l’amour », détaille-t-il – celui qui est aussi professeur d’histoire de la photographie tisse des relations entre la mémoire et l’espace de la vie quotidienne. « Je l’étudie non pas comme un objet géométrique, mais comme quelque chose de profondément lié à l’expérience, aux souvenirs et aux émotions », raconte-t-il. Ces rêves et ces attaches s’animent grâce aux techniques durables et plus écologiques qu’expérimente Yorgos Kapsalakis dans son laboratoire.

© Yorgos Kapsalakis
© Yorgos Kapsalakis
© Yorgos Kapsalakis
© Yorgos Kapsalakis
© Yorgos Kapsalakis
À lire aussi
Les coups de cœur #529 : Diane Velex et Sára Kölcsey
© Diane Velex
Les coups de cœur #529 : Diane Velex et Sára Kölcsey
Diane Velex et Sára Kölcsey, nos coups de cœur de la semaine, expriment leurs émotions à travers l’objectif. La première dévoile ses…
27 janvier 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #528 : Mélodie Roulaud et LickieMcGuire
© LickieMcGuire
Les coups de cœur #528 : Mélodie Roulaud et LickieMcGuire
Mélodie Roulaud et LickieMcGuire, nos coups de cœur de la semaine, se livrent toutes deux à une pratique photographique ayant trait à…
20 janvier 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Explorez
Nan Goldin, lauréate du prix Women in Motion 2025, présente Syndrome de Stendhal
Jeune amour, 2024 © Nan Goldin. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Gagosian.
Nan Goldin, lauréate du prix Women in Motion 2025, présente Syndrome de Stendhal
Ce mardi 8 juillet, Nan Goldin a reçu le prix Women in Motion au Théâtre Antique d’Arles, qui affichait complet. À cette occasion...
11 juillet 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Erica Lennard : « L'amitié féminine était une réalité que nous vivions pleinement »
Elizabeth, Californie, printemps 1970. © Erica Lennard. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / La Galerie Rouge.
Erica Lennard : « L’amitié féminine était une réalité que nous vivions pleinement »
Erica Lennard présente Les Femmes, les Sœurs à l’espace Van Gogh dans le cadre de la 56e édition des Rencontres d’Arles. L’exposition est...
11 juillet 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #549 : Ainhoa Ezkurra Cabello et Bérangère Portella
Andrea © Ainhoa Ezkurra Cabello
Les coups de cœur #549 : Ainhoa Ezkurra Cabello et Bérangère Portella
Ainhoa Ezkurra Cabello et Bérangère Portella, nos coups de cœur de la semaine, saisissent l’intime, les corps et les relations aux...
07 juillet 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nous autres, une ode à l'amitié et à la mémoire queer
Autoportrait avec JEB, E. 9th Street, New York, 1970 © Donna Gottschalk, Courtesy de l’artiste et de Marcelle Alix
Nous autres, une ode à l’amitié et à la mémoire queer
Avec Nous Autres, Donna Gottschalk et Hélène Giannecchini avec Carla Williams, présentée jusqu’au 16 novembre 2025, le Bal signe une...
04 juillet 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les coups de cœur #550 : Guillaume Hutin et Ali Beşikçi
Masumiyet © Ali Beşikçi
Les coups de cœur #550 : Guillaume Hutin et Ali Beşikçi
Guillaume Hutin et Ali Beşikçi, nos coups de cœur de la semaine, ont au centre de leur pratique la notion de dialogue. Si le premier fait...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Les images de la semaine du 7 juillet 2025 : sous le soleil arlésien
The Last Cosmology © Kikuji Kawada
Les images de la semaine du 7 juillet 2025 : sous le soleil arlésien
C’est l’heure du récap ! À l’occasion des Rencontres d’Arles, nous avons sélectionné une série d’expositions, aux sujets et...
13 juillet 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Octavio Aguilar remporte le prix Découverte Roederer
Ma yëë tunjoty, ma yëë kopkjoty, 2020. © Octavio Aguilar. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Parallel Oaxaca.
Octavio Aguilar remporte le prix Découverte Roederer
Pour la deuxième année consécutive, les Rencontres d'Arles mettent en lumière les sept finalistes du prix Découverte Fondation Roederer à...
12 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Rencontres d'Arles 2025 : les coups de cœur de la rédaction
Montagne de Corte, Corse, 2022. © Jean-Michel André. Avec l’aimable autorisation de l’Institut pour la photographie / Galerie Sit Down.
Rencontres d’Arles 2025 : les coups de cœur de la rédaction
En parallèle de ses articles sur la 56e édition des Rencontres d’Arles, qui se tient jusqu’au 5 octobre 2025, la rédaction...
12 juillet 2025   •