Victoria Philippe et Lucas Trochet, nos coups de cœur de la semaine, s’adonnent à une pratique documentaire. La première a suivi une équipe d’archéologues sur des îles normandes tandis que le second donne à voir le quotidien de futurs toréadors.
Victoria Philippe
« Depuis toujours, le métier d’archéologue me fascine. Enfant, je m’imaginais explorer des déserts à la recherche de fossiles ou d’objets anciens », se remémore Victoria Philippe. Dans ce souvenir, la photographe a élaboré Poussières de roche, une série réalisée aux côtés d’une équipe de spécialistes étudiant les îles Chausey, en Normandie. Fidèle à son mode opératoire, elle s’est laissée porter par les pensées qui émergent au fil de la création, de même que par les impressions, le mystère qui émane du territoire. « Ce qui m’attire, c’est l’idée de la quête : du geste de fouiller pour révéler ce qui est enfoui, de mettre à jour des traces du passé. Ces actes résonnent profondément avec ma pratique artistique, centrée sur la matière et les récits qu’elle renferme », explique-t-elle. Imprégnées du cycle des marées, ses compositions explorent ainsi un territoire en perpétuelle mutation qui, par essence, porte en lui les choses qui nous échappent. À cela s’ajoutent quelques portraits. L’ensemble dispense alors une histoire autour de la mémoire, façonnée par l’imaginaire, ayant autant trait à l’intime qu’à l’universel.
Lucas Trochet
Dans des monochromes carrés se découvrent des enfants et de jeunes hommes en plein entraînement. Un large tissu en main, ils se livrent à une chorégraphie. Certains tiennent des cornes. Tous sont inscrits à l’école taurine. Ils se préparent sans relâche jusqu’à leur première démonstration face au public. « En septembre 2023, j’ai participé à un atelier organisé par Les Rencontres de la Photographie d’Arles et supervisé par Jane Evelyn Atwood. C’était la première fois que je me rendais dans cette ville et je suis arrivé en pleine feria du Riz. Très vite, j’ai pu apercevoir l’importance de la culture taurine sur place », explique Lucas Trochet, qui signe ces images. Étranger à la corrida, pratique qu’il sait particulièrement décriée, il décide alors de s’y intéresser sans jugement. L’objectif est de mieux comprendre de quoi il retourne. « À travers Tu seras un homme, mon fils, j’ai mis en avant les codes de virilité très présents dans le milieu taurin, qui sont incarnés à travers les postures des toréadors, les expressions faciales ou les regards. J’ai voulu interroger leur place dans la société d’aujourd’hui », assure-t-il.