Les coups de cœur #533 : Martin Bousquet et Yulissa Aranibar

Les coups de cœur #533 : Martin Bousquet et Yulissa Aranibar
Imperial skaters © Yulissa Aranibar
Un homme sur un moto dans un paysage aride
© Martin Bousquet

Martin Bousquet et Yulissa Aranibar, nos coups de cœur de la semaine, examinent les territoires et les populations qui les habitent. Plaçant l’humain·e au centre de leurs recherches visuelles, les deux photographes s’emparent de la rue et de la mode pour conter des récits singuliers.

Martin Bousquet

« La photographie m’offre un exutoire dans lequel mes pensées et mes actes se concentrent uniquement sur la création », affirme Martin Bousquet, jeune artiste autodidacte. Puisant ses inspirations autant dans les interactions avec ses proches que dans le cinéma de Wong Kar-wai, de Tim Burton ou dans la photographie de Elliott Erwitt, il explore les facettes de sa propre personnalité et le monde qui l’entoure. « J’ai du mal à exprimer le contenu de ma vie par écrit, alors je me sers de mon œil comme d’une encre et de mon appareil comme d’un stylo plume », soutient celui qui depuis cinq ne sort jamais sans son boîtier offert par ses grands-parents. Témoignant de son vécu ou de celui des autres, Martin Bousquet place l’humain·e au centre de son travail. Il l’approche par la rue et par la mode – qu’il conçoit comme « intrinsèquement liées » – avec beaucoup d’intuition ou dans les lieux d’intimité de son entourage. Sur ses images, inconnu·es ou ami·es se dévoilent, prennent la pose. « J’ai une volonté de sublimer l’esthétique parfois invisible de nos existences », révèle-t-il. Moment espiègle dans une chambre à coucher, deux petites filles dans un train au Sri Lanka, un motard fier devant un paysage aride entre chien et loup, le photographe saisit avec une légèreté sensible son voyage personnel à travers la vie.

Trois hommes de dos sur un sol à motif
© Martin Bousquet
Une personne en short, chemise blanche et cravate a un journal devant le visage, près de la mer.
© Martin Bousquet
Deux petites filles sont à la fenêtre d'un train au Sri Lanka
© Martin Bousquet
Une personne saute sur un lit, en noir et blanc
© Martin Bousquet
Deux personnes posent dans un salle colorée
© Martin Bousquet
Un homme tatoué sur le torse au skatepark
Imperial skaters © Yulissa Aranibar

Yulissa Aranibar

Yulissa Aranibar est née à Lima, au Pérou. Mais sa famille part s’installer à Milan, en Italie. « J’étais trop jeune pour me souvenir de mon quartier, connu pour être dangereux, avoue-t-elle. Mais à chaque fois que j’y retourne, je peux dire que mes yeux d’adultes sont pleins de curiosité. » Établie aujourd’hui à Paris, la photographe sonde son héritage péruvien. Elle capture les populations latino-américaines vivant en Europe, voyage sur sa terre natale à la découverte d’histoires à révéler. Elle s’empare de la rue et en fait le théâtre de récits jamais racontés. « J’explore des lieux où même les Péruvien·nes n’osent pas mettre les pieds, car j’ai envie de donner une voix à celles et ceux qui n’ont pas la chance de pouvoir l’exprimer », explique l’artiste. S’inspirant de sa culture, du folklore, des couleurs et de la mode – notamment le streetwear –, elle lève le voile sur les rêves, les difficultés, les quotidiens de ses compatriotes. Dans sa série Impérial Skaters, elle conte la chronique singulière des skateur·ses de Cuzco, « le nombril du monde et la capitale de l’Empire inca », ajoute-t-elle. Leur particularité : iels glissent à 3339 mètres d’altitude. Yulissa Aranibar infiltre un groupe au skatepark et saisit leurs figures, leurs occupations baignées dans la lumière des Andes. « Le skateboard n’est pas considéré au Pérou et la société le voit comme un sport pour les gens qui n’ont rien à faire. Pourtant, il est la vitrine d’une jeune génération talentueuse de Péruvien·nes », conclut-elle.

Une jeune femme est à moitié allongée sur le sol, son skateboard sous la jambe
Imperial skaters © Yulissa Aranibar
Un homme fait sur skateboard
Imperial skaters © Yulissa Aranibar
Un skateur fait une figure dans un skatepark
Imperial skaters © Yulissa Aranibar
Des chaussures accrochées à un fil électrique dans une ville du Péru
Imperial skaters © Yulissa Aranibar
À lire aussi
Les coups de cœur #531 : Carmen Cabello et Yorgos Kapsalakis
© Carmen Cabello
Les coups de cœur #531 : Carmen Cabello et Yorgos Kapsalakis
Carmen Cabello et Yorgos Kapsalakis, nos coups de cœur de la semaine, nous entraînent dans deux balades visuelles et poétiques où il est…
10 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #529 : Diane Velex et Sára Kölcsey
© Diane Velex
Les coups de cœur #529 : Diane Velex et Sára Kölcsey
Diane Velex et Sára Kölcsey, nos coups de cœur de la semaine, expriment leurs émotions à travers l’objectif. La première dévoile ses…
27 janvier 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Explorez
À la découverte du regard enfoui de Nicole Lala
© Nicole Lala
À la découverte du regard enfoui de Nicole Lala
Restée dans l’ombre toute sa vie, Nicole Lala fut pourtant une photographe majeure du quotidien, du sensible, de l’invisible. Du 16...
30 juin 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
PHotoESPAÑA 2025 : Après tout, que nous disent encore les images ?
© Joel Meyerowitz
PHotoESPAÑA 2025 : Après tout, que nous disent encore les images ?
Chaque été, PHotoESPAÑA transforme Madrid en capitale de la photographie. Pour sa 28e édition, le festival déploie plus d’une centaine...
28 juin 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Mois des fiertés : l'identité queer dans l'œil des photographes de Fisheye
© Paul Mesnager
Mois des fiertés : l’identité queer dans l’œil des photographes de Fisheye
Enjeux sociétaux, crise environnementale, représentation du genre… Les photographes publié·es sur Fisheye ne cessent de raconter, par le...
27 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Florence et Damien Bachelot, collectionneurs de rencontres
Florence et Damien Bachelot © Nicolas Despis pour Fisheye.
Florence et Damien Bachelot, collectionneurs de rencontres
Avec un cabinet de plus de 1 000 œuvres, Florence et Damien Bachelot ont constitué, depuis 2004, l’une des plus grandes collections...
26 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Sous les paupières closes : un rêve surréaliste à Arles
Two Dinners, 2024 © Nyo Jinyong Lian
Sous les paupières closes : un rêve surréaliste à Arles
Du 7 juillet au 5 octobre 2025, la Fisheye Gallery ouvre son espace arlésien à quatre artistes émergentes : Eloïse Labarbe-Lafon, Anna...
Il y a 5 heures   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Marco Dos Santos fait feu de tout bois
© Marco Dos Santos
Marco Dos Santos fait feu de tout bois
Mais peut-il seulement tenir en place ? Depuis plus de vingt ans, Marco Dos Santos trace une trajectoire indocile à travers les scènes...
Il y a 10 heures   •  
Écrit par Milena III
Pentax x Nation Photo x Fisheye : trois visions du surréalisme à Arles
© Melina Barberi
Pentax x Nation Photo x Fisheye : trois visions du surréalisme à Arles
À l’occasion des Rencontres d’Arles 2025, Fisheye Magazine, en collaboration avec Pentax et Nation Photo, a lancé un concours de...
01 juillet 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
La sélection Instagram #513 : les yeux dans les yeux
© Miriana Corabi / Instagram
La sélection Instagram #513 : les yeux dans les yeux
À travers des autoportraits, des photographies de leurs proches et d'inconnu·es, les artistes de notre sélection Instagram de la...
01 juillet 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot