
Fahad Bahramzai et Elisa Grosman, nos coups de cœur de la semaine, cherchent tous deux à transmettre des émotions par l’image. Le premier capture des scènes de vies et des conversations de la région, le Baloutchistan iranien, tandis que la seconde nous transporte dans des univers mystérieux et colorés.
Fahad Bahramzai
Sous le soleil brûlant, dans les marchés, sur les bateaux, Fahad Bahramzai capte la beauté et les émotions qui émanent des scènes de vie de la région du Baloutchistan iranien. « Alors que le monde évolue rapidement vers la modernité, notre communauté continue de parler la langue baloutche et reste profondément attachée à ses coutumes, à ses vêtements, à sa musique et à son patrimoine, qui reflètent son identité », précise le photographe. Chacune de ses images est le fruit d’un moment vécu, d’une expérience, d’une conversation ou d’un souvenir qu’il souhaite partager avec celles et ceux qui n’ont pas pu y participer. « Pour moi, la photographie n’est pas seulement un moyen de documentation ; c’est une façon d’écouter, de comprendre et de partager la vérité humaine ancrée dans ma culture », poursuit-il. Fahad Bahramzai révèle les histoires qui se déroulent au marché, en silence sur un banc, sur une plage, sur l’eau ou autour d’un repas. « Dans l’une de mes récentes séries sur les pêcheurs, le fait d’être avec eux m’a appris le sens de la patience. Aucun pêcheur ne peut attraper quoi que ce soit sans attendre, tant sur le plan rationnel qu’émotionnel », confie l’artiste. Dans cette vie où tout va à cent à l’heure, Fahad Bahramzai nous invite à ralentir, à apprécier le calme et la richesse des sentiments et des connexions humaines.






Elisa Grosman
« Je crée des images comme des fragments d’histoires, avec des zones d’ombre qui laissent à chacun la liberté d’y projeter sa propre vision », confie Elisa Grosman, 28 ans. À travers des mises en scène millimétrées et des palettes chromatiques envoûtantes, la photographe nous immerge dans des univers qu’elle définit comme « sombres et oniriques ». « Je cherche à traduire des émotions et des états intérieurs, à la frontière entre le réel et le rêve », poursuit-elle. L’or, l’argent, les éclats de brillants, les dentelles, les ongles déjantés, les perles, les froufrous et les fourrures sculptent les contours de ses modèles. Puisant son inspiration dans le septième art, de l’étrangeté de David Lynch à la poésie d’Agnès Varda, l’autrice compose des tableaux cinématographiques. « J’explore les notions d’identité, de solitude féminine et de sororité. Mes images évoquent la transformation, la fragilité et ce qui se joue derrière les apparences, les paillettes. J’aime interroger l’invisible, l’ambigu, et créer des espaces ouverts où chacun peut inventer son propre récit », conclut l’artiste.



