À presque 22 ans, Charlotte Abramow a un parcours qui impressionne. À 13 ans, pour combattre l’ennui d’une journée d’été, elle fait des photos de fleurs dans son jardin et commence à photographier ses amis avec son appareil numérique. Trois ans plus tard, elle réalise des shootings qu’elle organise autour d’une histoire, d’une ambiance…
Elle choisit un modèle, le maquille et l’habille avant de construire ses images. L’année suivante, en 2010, elle rencontre Paolo Roversi, qu’elle admire, lors d’un stage à Arles. Entre les deux le courant passe. Charlotte « boit les paroles du photographe de mode », ce dernier dira d’elle qu’elle « fait preuve de beaucoup de volonté, d’énergie, et a l’âme d’une guerrière ». En 2011, elle gagne le prix du public d’un concours photo (grâce à sa communauté Facebook de 122 000 followers) et réalise des couvertures de magazine – dont Elle Belgique –, pendant qu’elle termine le lycée.
Son caractère s’affirme en même temps que ses images gagnent en densité. « Plutôt qu’une jeune photographe, j’aimerais que les gens retiennent le fait que je sois une femme qui porte son regard sur la jeune génération féminine », déclare Charlotte au magazine Paulette. Elle vient à Paris, est admise aux Gobelins en 2013, et a reçu le prix Picto de la jeune photographie de mode à l’automne dernier. Gobelins l’École de l’image devient sa « deuxième maison », où elle prend garde à rester elle-même et ne pas être « formatée ». Son œil s’aiguise au contact des enseignants « qui nous conseillent sans jamais nous dicter les choses », et l’émulation entre étudiants stimule sa créativité. « Je suis devenue beaucoup plus perfectionniste et exigeante envers moi-même, déclare-t-elle, et mon rapport à la technique a changé une grande part de mon rapport à la photographie. » Elle qui avait « une peur bleue du studio » a réussi à y développer un univers qui lui plaît, « une esthétique assez minimaliste montrant des personnages dans des poses contemplatives, comme s’ils étaient fatigués de la vie ou plongés dans leurs songes, avec une touche d’humour parce qu’il faut quand même rigoler dans la vie ».
La photographe vient de terminer sa formation, et ses cahiers débordent de projets. « J’ai quelques commandes en cours, déclare Charlotte, qui a aussi « un projet d’exposition avec une petite galerie parisienne ». Vigilante sur la manière de mener sa carrière, elle prend garde à ne pas s’enfermer dans un genre. « J’aimerais expérimenter d’autres types de photographies. Même si j’adore la mode et que j’essaie d’en faire quelque chose d’artistique et de réfléchi, je ne veux pas borner mon esprit à cela », conclut la nouvelle diplômée.
© Charlotte Abramow