À l’occasion de son dixième anniversaire, Fisheye sélectionne les couvertures qui ont marqué son histoire. 59 parutions plus tard, notre magazine a partagé des milliers d’images et permis de belles découvertes. La rétrospective se poursuit avec le numéro 29 et sa couverture de Charlotte Abramow, photographe belge que nous avons suivi avec attention, tout au long de sa brillante ascension.
En 2023, Fisheye fête sa première décennie d’existence. Dix années de photographie contemporaine, de décryptages, de découvertes de jeunes talents, de rencontres et d’expériences. Avec un brin de nostalgie et beaucoup d’euphorie, Fisheye revient pour ses lecteurices, qu’iels soient ancien·nes ou nouveau·elles, sur les couvertures marquantes de ces 59 publications. Après le cliché emblématique de Théo Gosselin, les illustrations d’Anthony Pastor et le portrait noir et blanc de Delphine Diallo, nous vous re-présentons une publication d’anthologie dans l’histoire du magazine : le numéro 29, paru en mars 2018, et son dossier dédié au corps. Réalisée par Charlotte Abramow, la couverture offre à voir la mise en scène d’une silhouette à demi déshabillée, intitulée Équilibre instable.
« Charlotte Abramow ne s’interdit rien et réussit tout ce qu’elle entreprend : projets personnels, shootings de mode, réalisation de clips… Son regard décalé ausculte les corps avec humour et délicatesse », introduisait Éric Karsenty, rédacteur en chef du magazine dans la rubrique Les dessous de la couv de cette publication. Pour la première fois, Fisheye consacrait un dossier sur ce sujet qui était pourtant loin des objectifs à ses prémices. L’artiste belge expliquait alors : « J’aimerais apporter un nouveau regard sur le corps : celui de la curiosité. Qu’on s’en étonne, comme si on prenait un nouveau point de départ. Jouer avec lui. Le voir comme un ami dont on peut rire, faire des expérimentations visuelles avec et s’émerveiller face à ses contorsions, ses accidents. » Des propos qui ont eu un fort retentissement dans le passé, et résonnent encore de nos jours.
Que devient Charlotte Abramow ?
Diplômée des Gobelins et lauréate du prix Picto de la mode en 2014, Charlotte Abramow connait une vive ascension égale à son talent. Après la publication dans notre magazine en mars 2018, la photographe, née à Bruxelles en 1993, poursuit la création de clips avec notamment Balance ton quoi de la chanteuse belge Angèle et la réalisation de couvertures de grands médias nationaux. Fin 2018, son cliché This is not consent fait le tour de la toile après l’acquittement d’un homme accusé du viol d’une jeune fille de 17 ans. Le prévenu avait déclaré à la barre : « Vous devriez voir la manière dont elle était habillée. Elle portait un string en dentelle. » Puis, en 2020, l’artiste sort un objet éditorial, Le Petit Manuel Sex Education, à l’occasion de la promotion de la sortie de la série éponyme sur Netflix. Tant d’actualités qui corroborent sa démarche engagée et son approche esthétique dans le 8e art.
En octobre 2022, le centre d’art Hangar, situé à Bruxelles, dévoilait, Volle Petrol, une rétrospective d’envergure des travaux de l’artiste. Une consécration pour Charlotte Abramow, au sein même de son pays d’origine à seulement 29 ans. Photographe emblématique de la famille Fisheye, elle a également habillé les cimaises de nos galeries de nombreuses fois. Notamment en 2019 et 2021 dans notre galerie arlésienne, et en décembre 2020 à l’occasion de la réouverture de la Fisheye Gallery de Paris. Son travail a toujours subjugué les visiteurices et offre un regard novateur sur les notions de corps et de féminisme. L’un des projets les plus touchants restera son ouvrage Maurice, Tristesse et rigolade, édité en novembre 2018 par Fisheye Éditions. Ce livre retrace la vie de son père, traversée par un cancer et un coma. Entre reconstruction et renaissance à 84 ans, Charlotte Abramow a dressé un portrait rempli d’émotions que nous ne sommes pas prêt·es d’oublier.
© Charlotte Abramow