Pas très loin de la ville de Riga en Lettonie, se trouve la région vallonnée de Bolderāja et Daugavgrīva. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les villages de pêcheurs construits sur les dunes ont été remplacés par des blockhaus et des quartiers entiers sont devenus des zones militaires. Vingt-trois ans plus tard, les habitants russophones sont encore hantés par les fantômes du passé soviétique. La série People in the dunes (en français, les Gens des dunes), du photographe Andrejs Strokins, nous fait découvrir cette population qui fuit sa région dès que possible.
L’artiste de 31 ans a grandi près de Riga et a souhaité explorer les frontières entre nature et monde urbain. “Le rapport de l’homme au paysage me passionne. J’ai réalisé cette série dans le cadre d’une réflexion sur les frontières européennes.”, raconte-il à Fisheye. À cause d’une histoire conflictuelle avec l’ex-URSS, le temps est suspendu à Bolderaja. La beauté des dunes s’oppose à la dureté de l’architecture soviétique et la ville a beau être située près des plages de la mer Baltique, ses habitants préfèrent partir en vacances ailleurs.
Quand Andrejs les interrogent, plusieurs personnes disent encore appartenir à l’Union Soviétique. Au fil de son expérience, le photographe prend conscience des difficultés qu’ont les Lettons à affirmer leur identité propre. Les couleurs douces de ses photos témoignent de l’attachement d’Andrejs à sa région. Sa nostalgie, aussi. Très contemplatif, son travail parvient pourtant à informer le spectateur sur les problèmes que traversent la Lettonie moderne.
Hélène Rocco
En (sa)voir plus
→ L’intégralité de la série