Et si, lors de vos voyages, une personne se chargeait de gérer vos comptes sur les réseaux sociaux ? Une sorte de petite main d’Instagram? Nouveau métier ou fantasme marketing ? Du Mexique aux Maldives en passant par Bali, tour d’horizon des nouvelles pratiques en la matière. Cet article, rédigé par Dorian Chotard, est a retrouver dans notre dernier numéro.
Des plages bordées de palmiers, une eau à plus de 25 degrés toute l’année, bienvenue sur la Riviera Maya, le long de la mer des Caraïbes, au nord-est du Mexique. Un décor idyllique où plus de 180 hôtels se disputent l’accueil des touristes. Dès leur arrivée à la réception du Royal Hideaway Playacar, en plus du code wi-fi et des horaires du petit déjeuner, les vacanciers se voient remettre un plan qui indique les spots les plus « instagramables » du complexe. Une nouveauté apparue il y a un an grâce à la community manager de l’établissement. « Notre clientèle est plutôt âgée. Je me suis dit que ça pourrait faire de la publicité à l’hôtel et attirer des visiteurs plus jeunes », explique Irery Franco.
Jointe par WhatsApp, elle nous fait découvrir en vidéo son environnement de travail : deux cents chambres réparties entre Playa del Carmen et des jardins luxuriants. Entre la rotonde posée au milieu d’un lagon artificiel, la piscine à débordement face à la mer et les grands fauteuils en osier sur fond d’enfilade de palmiers, c’est le paradis du #nofilter. « Nous cherchons à ce que les clients exploitent au mieux la nature et notre architecture dans leurs photos. Pour une meilleure lumière, on les invite à les prendre le matin ou en fin d’après-midi. Quand ils me le demandent, je peux même les prendre à leur place. » Photographe d’hôtel : le nouveau job en vogue pour satisfaire ses hôtes et doper la visibilité d’un établissement sur les réseaux sociaux ?
© conrad_maldives / Instagram
Faire pleuvoir les likes
À 16 500 kilomètres de là, dans les Maldives, un palace mise sur cette tendance. Depuis octobre 2017, le Conrad Rangali Island propose à ses clients les services d’un « Instagram Butler ». Un majordome censé les aider à faire pleuvoir les likes et rendre leurs amis encore plus jaloux de leur escapade de luxe (comptez plus de 1 000 euros la nuit pour dormir dans l’une des villas). Ici, même les postures du cours de yoga sont pensées pour être « instafriendly ». À l’époque, le communiqué de presse de l’hôtel a été repris par les médias du monde entier. Mais quelle réalité se cache derrière l’effet d’annonce ?
Dans les colonnes du Telegraph, la journaliste anglaise Radhika Sanghani raconte comment elle s’est efforcée de garder un air naturel alors qu’elle posait allongée sur un palmier sur les indications d’un réceptionniste converti pour l’occasion en photographe amateur. Un valet numérique chargé de la sublimer, qui l’a conduite à toute allure aux quatre coins de l’île en buggy pour profiter au maximum de la golden hour (« l’heure dorée »), avant le coucher du soleil. Bilan? Déçue par la qualité de ces clichés pris à l’iPhone, la journaliste n’a pas récolté plus de likes que d’habitude. « L’éclairage et la composition n’étaient pas toujours au rendez-vous. Certaines images sont bonnes, mais elles n’atteignent pas les standards des blogueurs voyage professionnels », conclut-elle, en précisant que l’hôtel envisageait alors l’embauche d’un photographe professionnel.
Cet article est à retrouver en intégralité dans le magazine Fisheye #37, en kiosque et disponible ici.
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© à g. fhyint / Instagram, et à d. pilotmadeleine / Instagram
En ouverture, © tayleylayne / Instagram