Jusqu’au 26 mai 2024, la MEP accueille une exposition articulée autour de Lisa Fonssagrives-Penn. L’ensemble des tirages présentés a appartenu à la mannequin emblématique du siècle dernier et retrace deux décennies de photographie de mode.
Le milieu artistique suscite de nombreuses interrogations. Parmi les plus récurrentes figurent celles autour du rôle des modèles dans la création d’une œuvre. Si certaines relations peuvent entretenir le flou, d’autres, à l’inverse, témoignent plus clairement de l’influence que peut exercer une muse sur un artiste. C’est notamment le cas de Lisa Fonssagrives-Penn. De 1935 à 1958, celle que l’on considère aujourd’hui comme étant le premier top-modèle de l’histoire a posé devant l’objectif d’un certain nombre de photographes. Pratiquant elle-même le 8e art, mais également la danse, la sculpture et le stylisme, elle se plaisait à prendre part à l’élaboration de chacune des compositions dans lesquelles elle apparaissait. Jusqu’au 26 mai prochain, la MEP rend compte de cette complicité au travers d’une exposition à son nom, tout naturellement sous-titrée Icône de mode.
Une figure d’avant-garde
C’est à Paris que la danseuse de formation fait la rencontre de Fernand Fonssagrives, dont elle prendra le nom, en 1935. Alors que celui-ci se blesse, la jeune femme lui offre un boîtier. Loin d’être anodin, ce cadeau lancera leur carrière respective de photographe et de mannequin. Très vite remarquée, Lisa Fonssagrives-Penn est dès lors fréquemment publiée sur les pages des plus prestigieux magazines, dont font partie Vogue et Harper’s Bazaar. Les séries présentées sont signées Horst P. Horst, Erwin Blumenfeld, Louise Dahl-Wolfe, Richard Avedon, Frances McLaughlin-Gill ou encore Irving Penn, qu’elle épousera finalement en 1950. Chronologique, l’exposition déploie 20 ans de photographie de mode et propose alors une immersion dans cet âge d’or du genre.
Tout au long de sa carrière, Lisa Fonssagrives-Penn, figure d’avant-garde en bien des aspects, a d’ailleurs tenu à collaborer avec des artistes émergents au regard résolument moderne. Frances McLaughlin-Gill, première femme photographe en contrat avec Vogue, en est un exemple tant ses portraits et ses natures mortes pour les éditoriaux ont marqué l’image de mode. Les 170 œuvres, dévoilées pour la première fois au public pour la plupart, se distinguent également en ce qu’elles ont appartenu à la mannequin, qui les utilisait notamment pour alimenter son book photo. Sur les cimaises, visiteuses et visiteurs peuvent ainsi observer des découpages, des pliures sinon les traces de son passage sur l’objet même de la création.