Lorenzo Vitturi : « Caminantes »

03 décembre 2020   •  
Écrit par Eric Karsenty
Lorenzo Vitturi : « Caminantes »

En croisant les techniques et les cultures, le photographe italo-péruvien Lorenzo Vitturi réécrit sa propre histoire. Un « voyage circulaire » mêlant mémoire et arts plastiques. Cet article est à retrouver dans notre dernier numéro.

De l’école de peinture vénitienne aux textiles incas, le cheminement de Lorenzo Vitturi, 40 ans, a de quoi surprendre. Formé aux Beaux-Arts de la Cité des Doges, à l’Instituto Europeo di Design à Rome, puis à la Fabrica (centre de recherche de Benetton) à Trévise, le jeune Italien commence par travailler comme peintre décorateur dans le cinéma. Il prend vite goût à la mise en scène et à l’installation, et associe ses nouvelles compétences pour développer un « libertinage plastique », pour reprendre sa belle formule, qui associe photographie, sculpture et performance.

Cette hybridation des techniques est là pour traduire une hybridation culturelle que l’artiste cherche à « distiller sous forme de photographie ». On a l’occasion de le voir dans plusieurs de ses travaux, comme Dalston Anatomy, série qui évoque le Ridely Road Market, à Londres, un quartier où l’artiste s’est immergé et dont il a extrait des photos et prélevé des matériaux assemblés sous forme de collages et de sculptures. « Son travail explore la fusion des différentes cultures, en se concentrant sur la circulation des objets et des personnes », analyse justement Raphaëlle Stopin, directrice du Centre photographique Rouen Normandie.

 

© Lorenzo-Vitturi / Avec l'aimable autorisation de l'artiste

Une forme d’énergie vitale

Avec Caminantes, série commencée il y a trois ans, le photographe et sculpteur explore son histoire personnelle dans un « voyage circulaire » entre Venise et le Pérou. Venise, d’où son père est parti dans les années 1960 pour installer une fabrique de verre de Murano au Pérou, pays où il fera la connaissance de celle qui deviendra la mère de l’artiste. « Avec Caminantes, le voyage n’est pas seulement un moyen de redécouvrir mes racines personnelles. Il est aussi à l’origine d’un processus d’échanges personnels à travers lequel différents récits peuvent émerger », précise-t-il. Dans ce travail toujours en cours, Vitturi s’inclut pour la première fois à l’intérieur d’une partie de ses œuvres : « Le corps sert de base à l’œuvre sculpturale réalisée en extérieur, se rendant présent tout en restant invisible, mais toujours en contact direct avec les matériaux juxtaposés », explique-t-il.

Dans ses créations, les couleurs ont toujours un rôle majeur et traduisent une forme d’énergie vitale. C’est assez flagrant dans Caminantes, car « dans les deux cultures [italienne et péruvienne] la couleur est un protagoniste essentiel », ajoute l’artiste. Exposé et collectionné dans de nombreux musées (Amsterdam, Londres, Toronto, Paris, Bruxelles, Rome, Milan, Shanghai…), le travail de Lorenzo Vitturi est présenté en ce moment au Centre photographique Rouen Normandie, dans le cadre de Normandie Impressionniste. Caminantes sera également proposé dans le cadre de l’exposition New Horizons, Ephemeral Style qui débutera en juin 2021 au Nitja Centre for Contemporary Art, à Oslo, en Norvège.

 

Cet article est à retrouver dans Fisheye #44, en kiosque et disponible ici

 

© Lorenzo-Vitturi / Avec l'aimable autorisation de l'artiste

 

© Lorenzo-Vitturi / Avec l'aimable autorisation de l'artiste© Lorenzo-Vitturi / Avec l'aimable autorisation de l'artiste

 

© Lorenzo-Vitturi / Avec l'aimable autorisation de l'artiste

 

© Lorenzo-Vitturi / Avec l'aimable autorisation de l'artiste

 

© Lorenzo-Vitturi / Avec l'aimable autorisation de l'artiste

 

© Lorenzo-Vitturi / Avec l'aimable autorisation de l'artiste

© Lorenzo-Vitturi / Avec l’aimable autorisation de l’artiste

Explorez
Festival de Cannes : 22 séries photo qui mettent le cinéma à l’honneur
Un calendrier situé à l'extérieur du bureau du lieutenant indique le nombre de jours écoulés depuis le dernier meurtre © Theo Wenner
Festival de Cannes : 22 séries photo qui mettent le cinéma à l’honneur
À l’occasion de la 78e édition du Festival de Cannes, qui commence ce mardi 13 mai, la rédaction de Fisheye met le cinéma à...
13 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 28 avril 2025 : rétrospective d’avril
© Sander Coers
Les images de la semaine du 28 avril 2025 : rétrospective d’avril
C’est l’heure du récap ! De nombreux rendez-vous ont rythmé les publications de cette semaine. Les coups de cœur du mois, un nouvel...
04 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les Rencontres de Niort : la nuit en ébullition des artistes en résidence
Les ballades du corail © Joan Alvado
Les Rencontres de Niort : la nuit en ébullition des artistes en résidence
Depuis 1994, Les Rencontres de la jeune photographie internationale de Niort poursuivent leur volonté d’être un incubateur de création...
03 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Pôle Nord, corgis et plongeuses japonaises : nos coups de cœur photo d’avril 2025
Images issues de Midnight Sun (Collapse Books, 2025) © Aliocha Boi
Pôle Nord, corgis et plongeuses japonaises : nos coups de cœur photo d’avril 2025
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction de Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
30 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Un regard brut sur l’exil récompensé par le Saltzman-Leibovitz Prize
© Zélie Hallosserie
Un regard brut sur l’exil récompensé par le Saltzman-Leibovitz Prize
À seulement 21 ans, Zélie Hallosserie remporte le premier Saltzman-Leibovitz Photography Prize pour The Game, un projet...
16 mai 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
La MEP s’apprête à dévoiler sa rétrospective sur Marie-Laure de Decker
Vietnam, 1971 © Marie-Laure de Decker
La MEP s’apprête à dévoiler sa rétrospective sur Marie-Laure de Decker
Du 4 juin au 28 septembre 2025, la Maison européenne de la photographie rendra hommage au parcours de Marie-Laure de Decker au moyen...
16 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Slave to Trends : le 93 selon Pooya Abbasian
© Pooya Abbasian, Neuf-Trois, 2024, impression sérigraphie sur verre de chantier
Slave to Trends : le 93 selon Pooya Abbasian
À travers Slave to Trends, un projet présenté en 2024 à la Fondation Fiminco, Pooya Abbasian explore les tensions entre esthétique...
16 mai 2025   •  
Écrit par Milena III
Fisheye #71 : l’horizon de la photographie française
© SMITH
Fisheye #71 : l’horizon de la photographie française
Dans son numéro #71, Fisheye fait la part belle à la photographie française. Au fil des pages se déploient des sujets qui donnent à voir...
15 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet