En croisant les techniques et les cultures, le photographe italo-péruvien Lorenzo Vitturi réécrit sa propre histoire. Un « voyage circulaire » mêlant mémoire et arts plastiques. Cet article est à retrouver dans notre dernier numéro.
De l’école de peinture vénitienne aux textiles incas, le cheminement de Lorenzo Vitturi, 40 ans, a de quoi surprendre. Formé aux Beaux-Arts de la Cité des Doges, à l’Instituto Europeo di Design à Rome, puis à la Fabrica (centre de recherche de Benetton) à Trévise, le jeune Italien commence par travailler comme peintre décorateur dans le cinéma. Il prend vite goût à la mise en scène et à l’installation, et associe ses nouvelles compétences pour développer un « libertinage plastique », pour reprendre sa belle formule, qui associe photographie, sculpture et performance.
Cette hybridation des techniques est là pour traduire une hybridation culturelle que l’artiste cherche à « distiller sous forme de photographie ». On a l’occasion de le voir dans plusieurs de ses travaux, comme Dalston Anatomy, série qui évoque le Ridely Road Market, à Londres, un quartier où l’artiste s’est immergé et dont il a extrait des photos et prélevé des matériaux assemblés sous forme de collages et de sculptures. « Son travail explore la fusion des différentes cultures, en se concentrant sur la circulation des objets et des personnes », analyse justement Raphaëlle Stopin, directrice du Centre photographique Rouen Normandie.
Une forme d’énergie vitale
Avec Caminantes, série commencée il y a trois ans, le photographe et sculpteur explore son histoire personnelle dans un « voyage circulaire » entre Venise et le Pérou. Venise, d’où son père est parti dans les années 1960 pour installer une fabrique de verre de Murano au Pérou, pays où il fera la connaissance de celle qui deviendra la mère de l’artiste. « Avec Caminantes, le voyage n’est pas seulement un moyen de redécouvrir mes racines personnelles. Il est aussi à l’origine d’un processus d’échanges personnels à travers lequel différents récits peuvent émerger », précise-t-il. Dans ce travail toujours en cours, Vitturi s’inclut pour la première fois à l’intérieur d’une partie de ses œuvres : « Le corps sert de base à l’œuvre sculpturale réalisée en extérieur, se rendant présent tout en restant invisible, mais toujours en contact direct avec les matériaux juxtaposés », explique-t-il.
Dans ses créations, les couleurs ont toujours un rôle majeur et traduisent une forme d’énergie vitale. C’est assez flagrant dans Caminantes, car « dans les deux cultures [italienne et péruvienne] la couleur est un protagoniste essentiel », ajoute l’artiste. Exposé et collectionné dans de nombreux musées (Amsterdam, Londres, Toronto, Paris, Bruxelles, Rome, Milan, Shanghai…), le travail de Lorenzo Vitturi est présenté en ce moment au Centre photographique Rouen Normandie, dans le cadre de Normandie Impressionniste. Caminantes sera également proposé dans le cadre de l’exposition New Horizons, Ephemeral Style qui débutera en juin 2021 au Nitja Centre for Contemporary Art, à Oslo, en Norvège.
Cet article est à retrouver dans Fisheye #44, en kiosque et disponible ici.
© Lorenzo-Vitturi / Avec l’aimable autorisation de l’artiste