L’Ouest américain, entre deux mondes

15 janvier 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
L’Ouest américain, entre deux mondes

Le photographe Bryan Schutmaat est allé à la rencontre des communautés minières de l’Ouest américain. Il signe, avec Grays the Mountain Sends, une fiction poignante, entre lyrisme et désillusion.

Photographe installé au Texas, Bryan Schutmaat se définit comme un vagabond. C’est en voyageant de territoire en territoire qu’il cherche l’inspiration. Il développe ensuite ses idées en explorant les lieux et les personnages qui les habitent. Sa série Grays the Mountain Sends prend racine dans l’Ouest américain. « J’ai toujours été intéressé par cet endroit. J’avais déjà commencé des travaux autour de ce sujet, mais ceux-ci ne comportaient que des paysages, confie le photographe. Lorsque je me rendais dans ces petites communautés de l’ouest, je voyais des jeunes, de mon âge, et je m’interrogeais sur leurs vies. »

Si Bryan Schutmaat a d’abord été charmé par la beauté des paysages et l’histoire complexe des territoires, les rencontres avec les habitants de la région ont terni cette vision idyllique. « Je me suis donc lancé dans le portrait, afin d’interagir avec ces gens, de me familiariser avec leur environnement. C’est la genèse de Grays the Mountain Sends », précise l’artiste.

Un passé plus glorieux

« En 2010, j’ai découvert le poème

Degrees of Gray in Philipsburg de Richard Hugo. Un texte narré par un homme venu d’une ancienne ville minière. Lorsqu’on le lit, il nous semble que l’auteur maudit le présent, parce qu’il ne ressemble pas au passé », explique Bryan Schutmaat. Les mots du poète le bouleversent et transforment ses photographies. Dans les portraits de l’artiste, les regards se font las, nostalgiques. Tous semblent regretter le monde d’autrefois. « Il existe une disparité entre ce qui fut et ce qui est. J’ai donc étudié les vestiges de la “destinée manifeste” [idéologie selon laquelle la nation américaine avait pour mission divine l’expansion de la civilisation vers l’Ouest, ndlr] et du mythe de l’Ouest américain », explique le photographe.

La série construit un récit mélancolique, bercé par la beauté des territoires sauvages et la tristesse des différents portraits. Un univers aux frontières de la fiction. « Le processus photographique ne capture pas la réalité, il enlève des éléments réalistes », précise Bryan Schutmaat. À travers le regard des habitants de villes minières, Grays donne à voir un monde « individualiste, masculin, forgé par l’idée du Far West ». Sur les clichés, les images d’animaux – aigles, chevaux, bisons ou loups – évoquent un passé plus glorieux. Entre lyrisme et désillusion, le photographe dépeint une communauté solitaire, perdue entre deux ères.

© Bryan Schutmaat

© Bryan Schutmaat

© Bryan Schutmaat© Bryan Schutmaat

© Bryan Schutmaat

© Bryan Schutmaat© Bryan Schutmaat

© Bryan Schutmaat© Bryan Schutmaat

© Bryan Schutmaat© Bryan Schutmaat

© Bryan Schutmaat© Bryan Schutmaat© Bryan Schutmaat© Bryan Schutmaat

© Bryan Schutmaat

Explorez
Le langage des fleurs selon des photographes de Fisheye
© Jana Sojka
Le langage des fleurs selon des photographes de Fisheye
Les photographes de Fisheye ne cessent de raconter les préoccupations de notre époque. Parmi les motifs qui reviennent fréquemment se...
20 mars 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La sélection Instagram #498 : timides bourgeons
© Ellie Carty / Instagram
La sélection Instagram #498 : timides bourgeons
Les journées rallongent, les rayons du soleil transpercent les nuages, les feuilles renaissent sur les arbres nus, les fleurs montrent le...
18 mars 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Florescence : Étienne Francey cultive son jardin imaginaire
Croissant de lune © Etienne Francey
Florescence : Étienne Francey cultive son jardin imaginaire
La Fisheye Gallery accueille le jardin imagé du photographe suisse Étienne Francey du 6 mars au 5 avril 2025. Intitulée Florescence...
01 mars 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Le PhotoVogue Festival 2025 met la photographie de mode au service de la nature 
© Fee Gloria Groenemeyer
Le PhotoVogue Festival 2025 met la photographie de mode au service de la nature 
Du 6 au 9 mars 2025, le PhotoVogue Festival présentera sa 9e édition à Milan. Fidèle à son approche de la photographie de mode...
27 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
7 à 9 de Chanel : Nick Knight sous toutes les coutures
© Nick Knight
7 à 9 de Chanel : Nick Knight sous toutes les coutures
Le 17 mars dernier, le photographe britannique Nick Knight était l'invité de la deuxième édition du 7 à 9 de Chanel au Jeu de Paume. En...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Just My Luck : à qui la chance ?
Screenshot montrant les boules 41 et 42 coincées - Just My Luck. © Cécile Hupin et Katherine Longly
Just My Luck : à qui la chance ?
L’Institut pour la photographie de Lille présente une troisième exposition hors les murs dans les espaces de convivialité du Théâtre du...
02 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Comédie, étrangeté et légèreté : 18 séries photographiques pour sourire
De la série Extrem Tourism, 2011 © Thomas Mailaender
Comédie, étrangeté et légèreté : 18 séries photographiques pour sourire
Canulars, farces et attrapes et étrangetés rythment chaque année cette première journée d’avril. Pour célébrer le poisson d’avril, la...
01 avril 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La sélection Instagram #500 : une bonne blague
© Théophile Baye / Instagram
La sélection Instagram #500 : une bonne blague
Aujourd’hui, attention à votre dos. Celui-ci pourrait être rempli de petits poissons et autres farces si typiques de ce premier jour...
01 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger