Les Rencontres Photographiques des Amis du musée Albert-Kahn ont annoncé les noms des lauréat·e·s 2021 : Charles Delcourt, Jin Tian et Isabeau de Rouffignac. Trois photographes témoignant des mutations de notre monde.
Depuis 2017, les Rencontres Photographiques, lancées par l’association des Amis du musée départemental Albert-Kahn poursuivent la volonté du banquier philanthrope : dresser l’inventaire visuel d’un monde en mutation, en mettant en lumière l’engagement d’auteurs, dans des valeurs d’ouverture sur l’autre et de dialogue entre les cultures. Suite à l’édition 2020 – qui s’est déroulée en décembre dernier – le jury, composé de plus de cinquante experts, a désigné les lauréat·e·s 2021 : Charles Delcourt, Jin Tian et Isabeau de Rouffignac. Tou·tes trois remportent une dotation de 6000 euros. Leurs œuvres seront exposées à partir du 28 juin dans les jardins du Musée département Albert-Kahn, à Boulogne-Billancourt.
Témoigner de la fragilité de nos sociétés
Éparpillé·e·s aux quatre coins du monde, les finalistes racontent, à travers leur série respective, des histoires ancrées dans des enjeux sociétaux contemporains. Charles Delcourt s’intéresse à Eigg, une petite île située sur la côte ouest de l’Écosse. Sa particularité ? Elle est autogérée depuis vingt années. Autonome en électricité, le territoire s’impose aujourd’hui comme un lieu utopique, abritant une communauté de tout âge, parcours et origine et attirant de plus en plus de jeunes insulaires. Venu de Chine, Jin Tian documente quant à lui la gestion de la lèpre dans son pays d’origine. En 1956, la République populaire comptait plus de 500 000 malades. Un nombre inquiétant qui conduisit les autorités à instaurer une politique de quarantaine à grande échelle, isolant ainsi des milliers de patients. Aujourd’hui, les villages qui les accueillaient vivent en marge du reste du territoire – mis à mal par le vieillissement de leur population, et un important sous-développement économique.
Direction, enfin, le Rajashthan, en Inde, où Isabeau de Rouffignac a capturé le commerce du marbre. Dans cette région, qui fournit 90% des exports de la pierre, les carrières à ciel ouvert s’étendent à perte de vue. Depuis plusieurs années, l’augmentation de la demande à l’internationale est devenue considérablement néfaste : elle assèche les terres et détruit l’agriculture. Les ouvriers, quant à eux, doivent survivre à des conditions de travail dévastatrices – entre blessures et maladies pulmonaires. Qu’ils s’inspirent de leur propre culture où découvrent des existences atypiques, les photographes ici présents témoignent de la fragilité de nos sociétés. Avec espoir, sagesse, ou crainte, ils donnent à voir les limites d’un monde à la dérive.
© Charles Delcourt
© Isabeau de Rouffignac
© Jin Tian
Image d’ouverture : © Charles Delcourt