Pour son premier évènement, le tout nouveau Réseau Lux nous en met plein la vue en investissant les murs d’un ancien bureau de poste du 9e arrondissement parisien. Retour sur la soirée de lancement et les expositions qui nous ont marqué·es.
La tâche était ardue. Investir un bâtiment administratif resté dans son jus, cloisons grises de bureau et murs défraîchis compris, réunir plus d’une vingtaine d’expositions et de projections représentant tous les champs de la photographie. Et le pari est largement gagné : plus de 2000 visiteur·ses se sont pressé·es dans ce lieu atypique lors du vernissage, jeudi 7 novembre dernier. Dès l’entrée, les organisateurices ont joué la carte de l’humour en choisissant le travail d’Olivier Culman, Administrations normandes, fruit d’une résidence avec le Festival Planches Contact de Deauville. Ses images de lieux administratifs et de fonctionnaires au travail font échos aux murs qui l’accueillent, allant jusqu’à reproduire un faux bureau. Et c’est la grande force de cette exposition collective : contourner la contrainte du lieu par des propositions scénographiques originales. Dans cette même idée, on retrouve les fabulations de Robin Lopvet, tapies jusque dans l’ancien coffre-fort, porté par L’été photographique de Lectoure.
Des projets émouvants et expérimentaux
Dans un registre plus intime et autobiographique, notons le travail émouvant de la photographe américaine Deanna Dikeman, Leaving and waving, qui pendant 27 ans a photographié ses parents au moment de leur dire au revoir, avant de reprendre la route. Ou encore la série de Laura Lafon Cadilhac, Je ne veux plus vous voir (mais c’est provisoire), proposée par le festival Les Boutographies, qui raconte la déconnexion à ses racines et sa famille.
Le champ de la photographie plasticienne trouve aussi sa place, avec notamment le salon Approche qui présente l’artiste Sylvie Bonnot et son travail Un monde en mue. Ses œuvres grands formats de paysages forestiers sont créées à partir de la membrane argentique de tirages, décollée puis transposée dans un léger froissement. En regard de cette photographie expérimentale, on découvre des projets documentaires plus classiques, mais tout aussi frappants, comme Nord-Ouest de Pascal Amoyel qui photographie Bellême, village de l’Orne où il réside, dans un noir et blanc suranné et intemporel. Autre travail documentaire marquant, celui de Franck Tomps, Répliques – Mayotte en république, présenté par la Quinzaine photographique Nantaise, et issu de la Grande commande pilotée par la BnF.
En ce mois de novembre où Paris devient la capitale mondiale du 8e art, nous pouvons nous réjouir d’être parmi les pays comptant le plus d’événements photographiques et d’avoir désormais Lux, un réseau offrant un florilège de ce maillage territorial.