Du 27 juin au 29 septembre 2024, la galerie Anne Clergue Galerie à Arles présente Le monde flottant, de Michael Ackerman et Maciej Markowicz. Les deux photographes nous invitent dans leurs œuvres à dialoguer avec le temps.
Réunis à Arles pour l’exposition Le monde flottant, Michael Ackerman et Maciej Markowicz tissent avec le temps un rapport tout à fait particulier. Les deux font de la temporalité en elle-même le sujet principal de leurs photographies : les objets et le vivant ne sont que des invités dans des scènes flottantes, fantomatiques, comme suspendues. Les artistes donnent vie à une photographie de la lenteur et de la pesanteur, où chaque couleur et lumière sont denses et immersives. Depuis qu’il a frôlé la mort dans son enfance, Maciej Markowicz explore l’éphémère et documente le passage du temps. Il s’intéresse notamment à la façon dont nous le voyons et le comprenons – une passion dérivée du désir d’y échapper qui caractérise la condition humaine. Michael Ackerman entretient quant à lui un rapport mélancolique au temps, marqué par une forme d’urgence. Surgit alors un oxymore entre cette lenteur omniprésente et l’envie de saisir ce qui s’échappe. Une approche peut-être héritée de l’expérience du deuil et de l’exil, qui a caractérisé l’histoire de sa famille juive-roumaine. Chez les deux artistes, la photographie, plus qu’être descriptive, est éminemment atmosphérique.
Une photographie atmosphérique
Si l’on devait définir cette notion, on pourrait dire qu’il s’agit d’images dans lesquelles « ce n’est ni le lieu, ni le contexte qui priment chez le·a photographe mais l’atmosphère qui s’en dégage », précise la galerie. Ces images invitent à la contemplation et se regardent comme un film qui défilerait sous nos yeux. Les deux auteurs travaillent en utilisant des outils différents. Si Michael Ackerman se sert de n’importe quel moyen, sans égard pour leur qualité – des appareils jetables, par exemple – en privilégiant la simplicité, Maciej Markowicz, lui, a construit une camera obscura mobile en 2017 qu’il a positionnée sur un catamaran avec lequel il peut naviguer à 8 km/h sur les rivières et canaux d’Europe. En 2023, il séjourne à Arles et photographie avec la Camargue et les paysages de Van Gogh. Grâce à cet outil, il crée une photographie abstraite, une expérience où temps et espace perdent de l’importance. L’exposition s’impose alors comme une balade dans un rêve. Les galeristes expliquent : « Ces deux artistes réunis à Arles nous invitent à un dialogue avec le temps où chacun habite son propre monde à sa manière. »