Fisheye: En trois mots, comment tu décrirais Mirroring ?
Giorgos Gavrilakis:
En presque trois mots: moi, vous et tout ceux que nous connaissons.
Quel est le propos de cette série ?
Mirroring
[traduction: “imitation”], c’est une quête pour trouver mon identité personnelle dans le visage des autres.
Que cherches-tu à exprimer à travers cette série ?
Le point fragile entre la logique et le ressenti. Cette série est un questionnement qui n’a toujours pas trouvé de réponse mais, au moins, il existe. Qu’est-ce qui me connecte à vous ? Êtes-vous la personne que j’imagine que vous êtes ou bien est-ce juste mon imagination ? Toutes ces pensées m’ont troublé à un moment de ma vie où j’ai dû considérer, clarifier et choisir les personnes avec qui j’allais vivre, travailler et coexister. Il a fallu rétablir ce que j’appelle mes connexions émotionnelles, redéfinir ce que je cherchais et ce que c’était. Qu’est-ce qui affectait ma façon de penser et pourquoi ? J’imagine que Mirroring sera achevée bien avant que je trouve la réponse à ses questions.
Pourquoi avoir choisi le noir et blanc pour cette série?
C’est une question que l’on me pose souvent. Et c’est une question que l’artiste doit se poser, pour lui-même et bien avant d’entamer son travail. Le photographe Anders Petersen a dit un jour: “Dans le noir et blanc il y a plus de couleurs que dans la photographie en couleur, parce que vous n’êtes bloqués par aucune couleur – vous pouvez utiliser vos expériences, votre énergie, votre imagination pour mettre de la couleur sur le noir et blanc“. Ce point de vue est extrêmement intéressant. Dans Mirroring, je trouve que le blanc est le plus important alors j’ai jugé sans intérêt d’ajouter de la couleur.
Pour l’avoir baptisée Mirroring ? Qu’essayes-tu de refléter ?
J’ai utilisé ce mot pour refléter son sens psychologique. Il représente la forte influence sociale – à laquelle nous sommes tous soumis – qui prévaut la plupart du temps sur le libre-arbitre. Il se distingue aussi comme la reconnaissance de mes propres caractéristiques sociales qui me définissent dans le visage d’autrui. Surtout, l’imitation est à la fois un doute et une confirmation. Ce que nous voyons à chaque instant n’est pas tout à fait fermé.
C’est donc bien une réflexion autour de l’identité ?
Comme je l’ai écris, Mirroring est l’histoire personnelle de ce que nous voyons: une quête autour de l’identité (ou de la perte d’identité) de l’être-humain qui est près de nous, que nous le connaissions ou pas, la mère, l’ami, l’homme de notre propre jugement.
Propos recueillis par Marie Moglia
En (sa)voir plus
→ Le site web de Giorgos: www.giorgosgavrilakis.com
→ Mirroring est aussi sur Behance.