Mobile/Immobile : immersion dans un monde mouvant

31 janvier 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Mobile/Immobile : immersion dans un monde mouvant

Les Archives Nationales présentent, jusqu’au 29 avril 2019, l’exposition collective Mobile/Immobile. Une immersion interactive dans notre société, et son désir de mobilité.

La Révolution industrielle du 19e siècle a métamorphosé notre monde. Avec la construction des chemins de fer, pour relier un territoire à un autre, les hommes ont pris goût au voyage, à la mobilité. Mais celle-ci est-elle vraiment bénéfique ? Que deviendra-t-elle, dans plusieurs années ? L’exposition collective Mobile/Immobile, organisée aux Archives Nationales, à Paris, interroge cette notion moderne du transport. Organisé en quatre espaces – « Pétrole, vitesse et modernité », « Une mobilité sous contrôle », « Des vies mobiles entre villes et campagnes », « Et demain… accélérer ou ralentir ? » – l’événement propose une immersion dans une société moderne régie par la mobilité.

Une expérience sensorielle réussie

Une immersion portée par la scénographie étonnante de l’exposition. L’espace est confiné : une bulle moderne, cachée dans le sublime Hôtel de Soubise. Chaque pièce devient un décor, mettant en scène les différentes photographies, vidéos et images d’archives. Mobile/Immobile invite le visiteur à interagir avec les œuvres, et propose une expérience sensorielle réussie. Le premier espace, dédié à la vitesse et à la modernité est rythmé par des bruits de moteur, évoquant la saga Fast & Furious. Plus loin, une scène filmée en caméra subjective reconstruit un crash de voiture saisissant, réalisé par Gaël Peltier. Dans l’espace « Une mobilité sous contrôle », les clichés du photographe Ferjeux van der Stigghel, représentant les NoLand’s men – des hommes à l’existence nomade, qui vivent dans leurs camions et voyagent de territoire en territoire – sont installés dans un décor évoquant l’intérieur de leur « maison à roues ».

L’atmosphère change, d’un espace à l’autre, tantôt apaisante et légère, tantôt bruyante et oppressante. Si l’interactivité plonge le visiteur dans un univers fictif, elle lui rappelle également un quotidien épuisant. L’installation vidéo de l’artiste Wang Gongxin, présente, par exemple, une foule, s’agglutinant dans les espaces urbains. Le silence de la projection est brusquement brisé par des bruits stridents. Diffusé de part et d’autre de la salle, le son irrite le visiteur, le poussant à tourner la tête, en cherchant son origine. Une pollution sonore bien connue des citadins.

© Alain Bublex / Galerie Vallois

© Alain Bublex / Galerie Vallois

Prendre part au débat

S’inspirant de ce flux urbain, Sylvie Bonnot a réalisé ses Promenades à contre-courant à Tokyo. Métros bondés, yeux cernés, corps fatigués. Derrière la beauté des couleurs, l’harmonie des hommes vêtus de costumes bleus et noir, et des femmes couvertes de trench-coats roses, une réalité plus sombre se dessine. Celle d’une culture profondément genrée, lassée par le mouvement incessant des transports et la rigueur d’un travail trop important.

Dans Métropolis, Tim Franco documente la croissance exponentielle de Congqing, une ville de Chine. Un développement qui engloutit les milieux ruraux, en se servant des voies de communication. Capturées avec une lumière blanche et brumeuse, les images brouillent les frontières entre présent et science-fiction, et évoquent les paysages oniriques et dystopiques de Blade Runner.

Enfin, le dernier espace de l’exposition, consacré au futur de la mobilité, abrite l’installation de Caroline Delmotte et Gildas Etevenard, mêlant photographie et création sonore. Comment faire évoluer les moyens de transport ? Les progrès technologiques nous mènent-ils à notre perte ? Ou sommes-nous capables de les utiliser à bon escient ? Sur les clichés, architectures, zones agricoles rongées par le béton, ponts gigantesques se succèdent. C’est en écoutant les bruits, associés aux images, que le visiteur s’oriente vers le rêve ou le cauchemar : un monde paisible, à l’écoute de l’environnement, ou un territoire mourant, saturé par la technologie. Avec poésie, les différents artistes interrogent le spectateur, et l’invitent à prendre part au débat : vers quel futur nous dirigeons-nous ?

© Claire Chevrier

© Claire Chevrier

© Claire Chevrier

© Ferjeux Van Der Stigghel / Forum Vies Mobiles© Tim Franco

© à g. Ferjeux Van Der Stigghel / Forum Vies Mobiles, à d. Tim Franco

© Jurgen Nefzger© Jurgen Nefzger

© Jurgen Nefzger

© Olivier Culmann

© Olivier Culmann

© Laura Henno / Galerie Les Filles du Calvaire

© Laura Henno / Galerie Les Filles du Calvaire

© Maïté Pouleur© Patrizia Di Fiore

© à g. Maïté Pouleur, à d. Patrizia Di Fiore

© Laura Henno / Galerie Les Filles du Calvaire

© Laura Henno / Galerie Les Filles du Calvaire

© Tim Franco© Tim Franco

© Tim Franco

Explorez
5 coups de cœur qui inspirent les vacances d'été
© Diane Desclaux
5 coups de cœur qui inspirent les vacances d’été
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
30 juin 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La FUJIKINA Arles, quand l'art rencontre la technique
© Gregory Halpern / Magnum Photos
La FUJIKINA Arles, quand l’art rencontre la technique
Du 8 au 12 juillet 2025, la FUJIKINA, manifestation mondiale autour de la culture photographique créée par Fujifilm, revient pour une 2e...
24 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
23 séries de photographies qui prennent vie en musique
Les membres originaux du groupe Oasis, Japon, 1994 © Dennis Morris
23 séries de photographies qui prennent vie en musique
En ce premier jour de l’été, partout en France, la musique est à l’honneur. À cet effet, nous vous avons sélectionné une série de...
20 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Archevêché by Fisheye : une 2e édition haute en couleur
© Marie Meister
Archevêché by Fisheye : une 2e édition haute en couleur
Du 7 au 12 juillet 2025, Fisheye investit la cour de l’Archevêché, lieu de rendez-vous incontournable du ()ff des Rencontres d’Arles, au...
19 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Fisheye #72 : la photographie comme acte de résistance
© Luke Evans
Fisheye #72 : la photographie comme acte de résistance
À travers son numéro #72, Fisheye donne à voir des photographes qui considèrent leur médium de prédilection comme un outil de...
03 juillet 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Wolfgang Tillmans revient sur sa carte blanche au Centre Pompidou
Wolfgang Tillmans à la Bpi, janvier 2025 © Centre Pompidou
Wolfgang Tillmans revient sur sa carte blanche au Centre Pompidou
Le Centre Pompidou lui donne carte blanche jusqu’au 22 septembre 2025, dernier accrochage avant la fermeture du bâtiment pour cinq ans de...
03 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Sous les paupières closes : un rêve surréaliste à Arles
Two Dinners, 2024 © Nyo Jinyong Lian
Sous les paupières closes : un rêve surréaliste à Arles
Du 7 juillet au 5 octobre 2025, la Fisheye Gallery ouvre son espace arlésien à quatre artistes émergentes : Eloïse Labarbe-Lafon, Anna...
02 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Marco Dos Santos fait feu de tout bois
© Marco Dos Santos
Marco Dos Santos fait feu de tout bois
Mais peut-il seulement tenir en place ? Depuis plus de vingt ans, Marco Dos Santos trace une trajectoire indocile à travers les scènes...
02 juillet 2025   •  
Écrit par Milena III