Du 31 mai au 3 juin aura lieu la première édition du Festival NightScapades, un événement consacré à l’iconographie astronomique et au paysage nocturne. Lumière sur ce projet, conçu par Franck Seguin.
Tout commence en 2014, lorsque Franck Seguin, alors rédacteur en chef du magazine Ciel et Espace, réalise que la France ne possède aucun Prix photographique sur le thème de l’astronomie. Il lance alors les Photos Nightscape Awards, le premier concours photographique français consacré à la photo de ciel, dont la popularité grandit rapidement. Tandis que sa connaissance photographique évolue, Franck se lance dans un nouveau projet : un festival. « Pourquoi se limiter à la photo ? », alors que « le ciel est représenté dans tous les arts, aussi bien en peinture que dans les créations contemporaines, comme le jeu vidéo ou encore la réalité virtuelle ». En 2017, il quitte son travail et se consacre à la création de NightScapades. « Dès le mois de juin, j’ai eu l’honneur de rencontrer la maires de Lourdes, qui était très enthousiasmée par le projet. J’ai pu rapidement commencer à m’organiser ». Poussé par son ambition, Franck construit un événement ambitieux, s’étalant sur 18 kilomètres, le long de la voie verte, et comprenant une dizaine de communes participantes.
C’est donc à Lourdes et dans ses environs que se tiendra la première édition de NightScapades. « C’est un lieu emblématique, puisqu’il abrite une réserve internationale de ciel étoilé – une sorte de parc naturel, destiné à la protection du ciel », explique le créateur du Festival. Au programme, des activités construites autour d’une thématique commune : la rencontre. Là-bas, photographes amateurs et professionnels dialogueront, échangeront autour de leurs expériences et expliqueront leurs démarches. Autour des expositions, ateliers, séances de cinéma, fresques de street art et observations nocturnes du ciel occuperont le public. Un programme riche, qui saura séduire les adeptes de l’astronomie, comme les curieux novices. Pour ce lancement, c’est l’Irlande qui est l’invité d’honneur, un pays possédant également une réserve étoilée. En octobre, certaines photographies voyageront au Royaume-Uni, un jumelage qui permettra une diffusion du festival à l’international.
© Jean-François Graffand
À ciel ouvert
Pour Franck Seguin, la photographie de ciel est en pleine évolution. « Dans les années 2000, les photographies ne représentaient presque que les étoiles. En 2017, la qualité de l’outil technique a considérablement évolué – aujourd’hui on peut même réaliser des paysages nocturnes avec un téléphone portable – et les images sont désormais plus construites. Les étoiles n’occupent plus qu’un petit espace, les compositions sont plus travaillées, la lecture est différente ». C’est avec espoir que le père de NightScapades présente son projet au public. Un festival qui s’ouvre dès la première année vers l’international, en représentant cinq pays étrangers. « L’objectif est de faire de cette photo de ciel une photographie avec une place à part entière dans le monde de l’art », annonce Franck. En un an, il a choisi et construit lui-même les expositions de NightScapades, d’un œil novateur et consciencieux.
Parmi les artistes annoncés au festival, l’œuvre d’Alan Knox nous attire. Le photographe écossais commence à contempler les étoiles dès son plus jeune âge, aux côtés de son grand-père. Après son décès, l’artiste récupère ses cendres et les dispose sur une pellicule argentique. Le résultat est bluffant : une réalisation d’apparence céleste, et la copie conforme d’un objet venu du ciel. « C’est cette boucle temporelle qui est fascinante », explique Franck. « Un clin d’œil amusant à la citation d’Hubert Reeves “nous sommes tous des poussières d’étoiles” ».
Non loin d’Alan Knox, Franck fait s’opposer l’homme et la machine. D’un côté, Thomas Pesquet, astronaute français, et de l’autre, Hirise, une sonde qui photographie en haute définition. « La Terre et Mars ont un même début géologique », informe Franck. « Elles ont toutes deux eu de l’eau, une atmosphère, une tectonique des plaques… Mais là où la Terre a réussi, Mars a échoué, c’est désormais une planète hostile à la vie humaine. Nous avons donc eu l’idée de comparer les clichés de Thomas à ceux de la sonde, de mélanger l’artificiel et le naturel ». Des images qui interrogent. À qui appartiennent ces photos, prises dans l’espace ? Aux créateurs de la sonde ? À la NASA ? Ou bien à l’humanité ?
© Alan Knox
© Cyril Entzmann
© Maxime Oudoux
© Thomas Pesquet / Hirise
© Jean-François Graffand