Jusqu’au 22 avril 2023, la galerie Intervalle accueille la série Ellas de Karen Paulina Biswell, exploration du genre féminin, de la vulnérabilité et de la quête de notre destinée. À l’occasion de cette exposition, nous laissons la parole à l’artiste, qui décrypte pour nous l’une de ses œuvres.
« J’aime particulièrement la photographie NATALIA (extraite de ELLAS, NDLR). C’est une des images les plus mystérieuses de la série. Des pétales de marguerite y sont posés sur un sein. C’est le corps qui devient végétal. Le centre de l’image, comme celle de la fleur, est le téton du sein. Cette image très solaire, couleur miel, attire le regard. Elle est, pour moi, cet intérieur, cet horizon que nous devons atteindre. Dans ce monde, quels sont les facteurs décisionnaires qui influencent notre perception et les rapports de force ? Avec cette exposition, je voulais aborder le féminisme d’un point de vue phénoménologique, plus que sociétal. Nous pensons tout savoir du désir des femmes, du pouvoir et des secrets des plantes, alors qu’en réalité, nous n’en savons que peu de choses. La vulnérabilité, la féminité et la destinée humaine sont des sujets qui ont longtemps été construits autour de stéréotypes et de préjugés. Pour ma part, j’ai toujours été attirée par des hommes et des femmes aux caractères complexes et intenses, qui se trouvent dans une réalité suspendue, aux limites de la société. Leurs qualités naissent toujours, selon moi, d’une dualité entre pouvoir et vulnérabilité, doute et confiance en soi, clarté et mystère, transcendance et matérialité du monde. C’est la tentative de compréhension et l’empathie de ce qu’ils et elles sont, ainsi que celle d’identifier leur force, qui m’amènent à réaliser ces représentations photographiques et à retranscrire une nouvelle réalité à travers mon travail. Avec ma pratique artistique, je proclame la reconnaissance d’une culture du féminin qui ne soit pas uniquement liée à la reproduction, et qui ne cherche pas à établir une égalité entre ces différentes identités, mais plutôt des équivalences ! »
© Karen Paulina Biswell, ELLAS, « NATALIA »