Oui, le cinéma est utile

23 décembre 2020   •  
Écrit par Anaïs Viand
Oui, le cinéma est utile

Le 14 mars, écran noir pour les cinémas français. Coup dur pour le photographe de rue Hervé Chatel, passionné par le 7e art. Nuit américaine n’est pas qu’une balade dans les rues parisiennes, c’est un véritable hommage au milieu

« Faire la queue à l’occasion d’une sortie très attendue, et tendre l’oreille pour écouter les discussions à propos du film, se retrouver à l’ouverture d’une salle presque tout seul, manger un plat avec ma chérie avant une projection au Méliès, à Montreuil, ou tout simplement se laisser transporter par une histoire et se couper de la réalité ». Plus que la séance de cinéma, ce sont ces à-côtés qui manquent surtout à Hervé Chatel, photographe de rue installé à Paris. Et depuis Lux æterna, de Gaspar Noé – sa dernière sortie ciné – il patiente, comme tout le monde… « J’ai toujours aimé aller au cinéma. C’est une expérience à vivre avant, pendant, et après la projection. L’ambiance des lieux, liés à leur histoire, la fréquentation différente à chaque fois, et surtout, nos accompagnateurs », poursuit l’artiste attristé par la fermeture des salles sombres. Durant le premier confinement, il a photographié quelques cinémas parisiens à l’aide d’une technique, qui porte le nom de la série : le tournage en « nuit américaine ». « Il s’agit de tourner en plein jour des scènes en extérieur, censées se dérouler la nuit. Ce processus est principalement utilisé pour faire des économies : les équipes de tournages ne sont ainsi mobilisées qu’en journée. Afin de rappeler l’écran, j’ai choisi de faire un panoramique au 16/9e. Concrètement, j’ai pris plusieurs photos à la verticale, puis je les ai assemblés, et j’ai travaillé un aspect de nuit en post production », confie-t-il.

© Hervé Chatel

S’imaginer les scènes

Hervé Chatel nous propose avec sa série Nuit américaine un saut dans l’ancien temps. Un temps fait d’instants magiques où nous attendions, nerveusement, notre date, ou la sortie du dernier Star Wars. Et puis, il y a toutes les devantures devant lesquelles nous passons, sans jamais y prêter attention. Au lieu de faire un confinement 100% streaming, Hervé Chatel a choisi d’arpenter les rues de la capitale, en hommage au 7e art. On (re)découvre, entre autres, dans le 2e arrondissement, le Grand Rex dont la façade et les toitures sont inscrites aux monuments historiques, ou encore l’architecture particulière du Louxor, un cinéma situé dans le 10e arrondissement de Paris : « le bâtiment signé par l’architecte Henri Zipcy a été inauguré le 6 octobre 1912 ! », précise le photographe. « Le cinéma est une fiction, tout comme les photos. Pourquoi donc chercher à reconstruire une réalité ? Il faut se laisser happer par ces beaux lieux, et s’imaginer les scènes en train de s’y jouer », conclut Hervé Chatel.

Il est vrai : il ne reste que notre imagination pour s’échapper de ce monde fort étrange…Et  bien que les établissements culturels demeurent fermés, ils témoignent de leur utilité… À bon entendeur, salut !

© Hervé Chatel © Hervé Chatel © Hervé Chatel © Hervé Chatel

© Hervé Chatel

Explorez
La rétrospective de Madeleine de Sinéty, entre France et États-Unis
© Madeleine de Sinéty
La rétrospective de Madeleine de Sinéty, entre France et États-Unis
L’exposition Madeleine de Sinéty. Une vie, présentée au Château de Tours jusqu'au 17 mai 2026, puis au Jeu de Paume du 12 juin au 27...
15 décembre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
À la MEP, les échos de vie urbaine de Sarah van Rij
© Sarah van Rij
À la MEP, les échos de vie urbaine de Sarah van Rij
Jusqu’au 25 janvier 2026, Sarah van Rij investit le Studio de la Maison européenne de la photographie et présente Atlas of Echoes....
12 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Guénaëlle de Carbonnières : creuser dans les archives
© Guénaëlle de Carbonnières
Guénaëlle de Carbonnières : creuser dans les archives
À la suite d’une résidence aux Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières a imaginé Dans le creux des images. Présentée jusqu’au...
11 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #568 : Bastien Bilheux et Thao-Ly
© Bastien Bilheux
Les coups de cœur #568 : Bastien Bilheux et Thao-Ly
Bastien Bilheux et Thao-Ly, nos coups de cœur de la semaine, vous plongent dans deux récits différents qui ont en commun un aspect...
08 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Chad Unger, feu tranquille
© Chad Unger
Chad Unger, feu tranquille
Chad Unger est l’auteur de la série au titre étrange et poétique Fire Barked At Eternity – littéralement « le feu aboya à l’éternité »....
Il y a 11 heures   •  
Écrit par Milena III
4 livres à offrir à Noël : partons en vadrouille
American Album © Eloïse Labarbe-Lafon
4 livres à offrir à Noël : partons en vadrouille
Noël approche. À cette occasion, la rédaction de Fisheye vous concocte des sélections de ses livres photo préférés, que vous...
19 décembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Sarah Bahbah : écran d’intimité
© Sarah Bahbah
Sarah Bahbah : écran d’intimité
Sarah Bahbah a imaginé Can I Come In?, un format immersif à la croisée du podcast, du film et du documentaire. Dans les six épisodes qui...
18 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les missives intimes de Julian Slagman
A Bread with a Sturdy Crust, de la série A Failed Attempt to Photograph Reality © Julian Slagman
Les missives intimes de Julian Slagman
Avec A Failed Attempt to Photograph Reality Julian Slagman compose des lettres personnelles qui mêlent des images monochromes et des...
17 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger