Comme tous les ans, le festival Photo Phnom Penh, qui a lieu à l’Institut Français jusqu’au 7 février, crée des ponts entre artistes asiatiques et occidentaux·les, et favorise l’émergence d’une scène photographique cambodgienne, qui ne cesse de fleurir depuis la première édition en 2008. Cette année, Taïwan est à l’honneur avec une sélection de talents foisonnante, exposé·es aux côtés du cambodgien Kim Hak, avec sa série My Beloved.
Depuis 2008, la scène photographique cambodgienne n’a pas cessé de révéler de nouveaux talents, s’émancipant toujours plus du lourd héritage meurtrier du régime des Khmers rouges. Le festival Photo Phnom Pen se propose de mettre cette émergence en lumière, tout en bâtissant des ponts entre des artistes européen·nes et asiatiques. Au-delà d’une sélection d’auteur·ices cambodgien·nes présente, la scène taïwanaise s’impose comme la protagoniste de cette édition. Pays invité de cette édition, Taïwan (ROC) propose les regards de cinq de ses artistes contemporain·es. Une sélection de travaux bouleversants, qui ont en commun cette subtile ironie consistant à discerner la transcendance dans le banal, « l’intimité au milieu de l’aliénation, l’humour au milieu de l’absurde ». L’écriture photographique de Chang Chao Tang est emblématique de ce mouvement au langage bien à lui – fenêtre ouverte sur une Asie prise entre nostalgie et course effrénée vers l’avenir. Cette année, le festival met en lumière le travail de Kim Hak, qui a parcouru en tous sens son Cambodge bien-aimé et nous rappelle que le pays ne se résume pas aux temples d’Angkor et aux camps de la mort des Khmers rouges.
Une déclaration d’amour au territoire
C’est par le prisme du paysage et du voyage que le photographe a décidé de représenter son pays natal. Loin du cauchemar des Khmers rouges, en cherchant une voie libératrice face aux imaginaires meurtriers du régime, sa photographie est le résultat de ses périples, alors qu’il travaillait dans l’industrie du tourisme. Depuis 2012, l’auteur a capturé son pays, accompagné souvent par sa famille, en se déplaçant le long du Mékong, autour du lac Tonlé Sap et vers le sud jusqu’à la mer et les provinces côtières. Un travail documentaire ayant duré plus de dix ans, à l’issu duquel le photographe a mesuré l’ampleur des rapides changements apportés par l’action humaine sur les paysages. Son pays s’industrialise et s’urbanise. Ce carnet de voyage est un état des lieux de sa situation environnementale, mais aussi un témoignage de sa richesse naturelle, peu souvent abordée tant le passé politique, terriblement récent, prend le dessus sur un possible récit alternatif. Ainsi, My Beloved se lit comme une déclaration d’amour à son territoire, qu’il veut nous montrer sous un nouvel angle. Kim Hak le dit clairement : « Le Cambodge, c’est bien davantage que les clichés d’Angkor Wat et le champ de la mort des Khmers rouges. C’est ici que je suis né et que j’ai grandi. C’est la terre qui me donne la vie et elle est riche en art et en culture, de belles personnes ordinaires et d’une nature tellement riche ».