Fisheye continue à vous donner la parole après le confinement. Chaque semaine, découvrez des photos et son auteur(e). Autodidacte, la globe-trotteuse Estelle Bella, repousse ses limites dans une série d’autoportraits à domicile.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Après plusieurs voyages et des études en médiation culturelle, j’ai décidé de me consacrer à ma passion pour l’image depuis un an. Je me forme actuellement de façon autodidacte.
Comment as-tu vécu ton confinement ?
Dans l’ensemble je le vis bien, avec des hauts et des bas. Je profite de cette période pour continuer à me former en ligne, découvrir chaque jour le travail de nouveaux photographes, me documenter et me questionner sur l’après : qu’ai-je vraiment envie de photographier et pourquoi. Cette période est propice à la remise en question. Prendre le temps de réfléchir est plutôt agréable.
Qu’as-tu appris sur ta pratique photo en cette période étrange ?
Les contraintes peuvent être parfois utiles et aident à développer sa créativité. Il ne faut pas les considérer immédiatement comme des “barrières”. J’ai l’habitude de photographier les autres et qui plus est, à l’extérieur. Être confinée seule ne matchait donc pas à première vue avec mon approche. Pourtant, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire. Que cet enfermement que je vivais, je devais le transmettre et m’en servir pour créer, chez moi, dans une pièce ou deux. Petit à petit j’ai donc décidé de travailler l’autoportrait, n’ayant d’autre sujet que moi-même.
En me photographiant je me suis ainsi rendue compte du travail des sujets que je photographie d’habitude. Se retrouver derrière l’objectif n’est pas évident, c’est un vrai exercice d’apprendre à s’observer et à se mettre en scène.
Si tu devais être confinée avec un ou une photographe, qui serait l’heureux/se élu(e) ?
Je dirai la photographe allemande Helga Paris, aujourd’hui âgée de 81 ans, dont j’admire le travail à valeur historique et sociale. Elle aurait beaucoup de choses à raconter. Écouter des personnes qui ont un certain vécu peut aussi aider à relativiser sur notre présent. La photographie a une valeur historique et dans un contexte pareil, c’est intéressant de se pencher sur l’histoire à travers des visages, une ville, une époque . Je pense particulièrement ses séries prises à Berlin à partir des années 70, puis généralement, en Europe de l’Est. Prendre conscience de l’impact de l’histoire et des bouleversements que notre société a déjà connu, je ne sais pas pourquoi mais moi, ça m’encourage!
Quel est ton mantra favori histoire de rester optimiste ?
J’ai lu récemment la Mouette d’Anton Tchekhov et j’ai aimé cette phrase:
“Dans notre métier, artistes ou écrivains, peu importe, l’essentiel n’est ni la gloire ni l’éclat, tout ce dont je rêvais, l’essentiel, c’est de savoir endurer. Apprends à porter ta croix et garde la croyance. »
Un dernier mot ?
Courage ! Profitons de cette période et de cette lenteur pour réfléchir, s’ouvrir aux champs des possibles et s’écouter, c’est important.
© Estelle Bella