Prix Polyptyque 2024 : célébration des expérimentations et du livre photo

05 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Prix Polyptyque 2024 : célébration des expérimentations et du livre photo
© Marion Ellena. Scrolling (de la ventana), 2023.
© Eleonora Paciullo. « Untitled », de la série Theophanies, 2023.

La Galerie Sit Down à Paris accueille les quatre lauréat·es du Prix Polyptyque 2024 pour une exposition conjointe qui se tient jusqu’au 22 février 2025. Expérimentations du médium et explorations des récits individuels et collectifs prennent aise dans cet écrin du troisième arrondissement. Et pour cette 5e édition, le prix récompense pour la première fois un livre d’artiste.

Depuis 2018, le salon de photographie contemporaine Polyptyque, organisé par le Centre photographique Marseille, s’attache à mettre en lumière les artistes de notre temps et leurs approches du médium. À travers un prix – du même nom – il offre une visibilité à des auteur·ices locaux·ales dont la pratique de l’image coïncide avec les tendances actuelles. Après une présentation des travaux des onze finalistes à Marseille à l’été 2024, le jury a tranché : Driss Aroussi et sa démarche pluridisciplinaire, Marion Ellena et ses expérimentations qui mêlent numérique et analogique et Eleonora Paciullo et ses monochromes envoutants constituent les lauréat·es de cette 5e édition. Un quatrième primé s’est invité dans une toute nouvelle catégorie, celle du prix Polyptyque du Livre d’artiste. C’est Elie Monferier et son ouvrage autoédité Journal des Mines qui remportent cette première distinction. 

Dans l’optique de rendre visibles les œuvres des gagnant·es, le Prix Polyptyque investit la galerie parisienne Sit Down qui présente une exposition collective. Driss Aroussi, né au Maroc en 1979 et installé à Marseille, combine les expérimentations visuelles et la pratique documentaire. Il capte les chantiers de construction à travers les ouvrier·es, leurs outils, leurs lieux et encapsule ses images dans un espace-temps méconnaissable pour révéler des bouts du réel et les marques du travail. Marion Ellena aussi joue sur le terrain de l’expérience. Dans sa série Scrolling, elle examine comment le temps est contenu dans nos téléphones portables en concevant des photographies aux altérations multiples mêlant le digital, l’analogique et des bains chimiques. Eleonora Paciullo sonde l’évolution et l’intrication temporelles des récits individuels et de la mémoire collective.

© Driss Aroussi. Portraits d’outils.
© Driss Aroussi. Photogramme.
© Elie Monferier. Journal des Mines.

Point d’orgue sur le livre d’artiste

Si Elie Monferier est un artiste visuel, il est aussi un magicien du livre photographique. En témoigne son ouvrage Journal des Mines, autoédité en 2023, avec sa couverture de cuivre lourd gravé, récompensé par le premier prix Polyptyque du Livre d’artiste. Chaque exemplaire de cette édition très limitée est le fruit d’un travail d’orfèvre et honore les images qu’il contient. Le photographe français s’intéresse à l’activité minière en Ariège, son héritage historique et social, mais aussi ses conséquences environnementales. Alors que le territoire semble tombé dans les oubliettes, l’auteur sonde les vecteurs de transmission de la mémoire : les traces matérielles en perdition ou les documents d’archives. Le livre renferme des ruines et de la végétation, révèle l’invisible, questionne la création d’un paysage par des explorations des sites miniers difficiles d’accès, de l’altitude ou de l’érosion. Ses interrogations et ses critiques sont palpables au toucher de sa publication hors du commun. Par l’objet photographique et l’objet artistique, Elie Monferier invite ses lecteur·ices dans un monde où le photographe est aussi l’artisan de son œuvre physique et reliée.

© Elie Monferier. Journal des Mines.
© Marion Ellena. Scrolling (New York), 2023.
© Elie Monferier. Journal des Mines.
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