Vincent Fournier et Sébastien Gaxie – lauréats de la 5e édition du Prix Swiss Life à 4 mains – viennent de dévoiler Auctus Animalis. Ce bestiaire surréaliste est à découvrir à la Galerie Clémentine de la Féronnière jusqu’au 24 septembre 2022.
Depuis 2014, la Fondation Swiss Life soutient la création émergente à travers un singulier concours. Intitulé Prix Swiss Life à 4 mains, la récompense valorise les artistes qui, à deux, font dialoguer musique et photographie. Fin janvier, le jury – composé de membres de la Fondation, du directeur du Jeu de Paume Quentin Bajac, de la galeriste Clémentine de la Féronnière, du directeur du Studio national des arts contemporains du Fresnoy Alain Fleischer, des lauréats de la 4e édition du Prix, Édouard Taufenbach et Régis Campo, ou encore des musiciennes Julie Alcaraz et Airelle Besson – s’était accordé sur le duo formé par Vincent Fournier et Sébastien Gaxie. Les lauréats ont alors bénéficié de quelques mois et d’une bourse de 46 000 € pour donner vie à une fable aux accents futuristes : Auctus Animalis.
« C’est le récit initiatique du capitaine Levant, qui entreprend un grand périple au cours duquel il rencontre et fraternise avec un bestiaire fantastique : un chat volant, un oiseau faiseur de temps, un papillon scribe, un poisson-palimpseste et de nombreuses autres espèces aux dons extravagants. Ces bêtes ne trouvent pas leur place sur Terre, parce que ce sont des créatures hybrides. Pour rétablir un équilibre, elles doivent devenir des étoiles. Nous allons être les témoins de cette transformation », préviennent Sébastien Gaxie et Vincent Fournier. Au cœur de la Galerie Clémentine de la Féronnière, nous pénétrons alors dans un antre étonnant. À son orée, des hortensias et des roches semblent attirés par une force mystérieuse qui étire leurs contours. Au loin résonne la voix énigmatique du fameux capitaine – seule source historique de la découverte d’Auctus Animalis.
Une odyssée contemporaine
En quête de « brownleeite », le protagoniste de cette aventure ne parvient pas à trouver ce « métal qui pourrait accélérer la conquête spatiale ». Pourtant, dès notre arrivée, un mystérieux scarabée nous fait face. Cet Auctus Animalis – ou « animal augmenté » en langue vernaculaire – a synthétisé l’objet de désir et porte en lui toute la genèse de cette île. À quelques pas de là, nous voilà immergés dans une nature mystérieuse qui se révèle peu à peu au gré de nos mouvements. Des espèces nouvelles, réinventées nous encerclent dans une harmonie au charme contradictoire, déroutant et chaotique. De temps à autre, entre les arpèges de ces animaux paranormaux, un « crocodile gemmé » invite à l’apaisement général. Dans l’accalmie naissante surgissent enfin les extraits « d’un enregistrement pirate ».
Le discours de cette unique conférence a également été consigné au sein d’un bel ouvrage, publié aux Éditions Filigranes. Entre les pages, nous redécouvrons alors tout ce bestiaire à l’ambivalence marquée. Entre histoire et anticipation, mémoire et science-fiction, rêve et réalité se dessine un hommage polymorphe. Règne animal, biologie et bioacoustique se célèbrent ici dans l’entremêlement de la photographie, de la littérature et de la musique. Cette volonté de franchir les frontières – chère au Prix Swiss Life à 4 mains – se retrouve d’ailleurs dans le principe même de l’exposition. Après la Galerie Clémentine de la Féronnière, la légende d’Auctus Animalis se racontera successivement au Salon Approche à Paris, au Centre Claude Cahun de Nantes et à L’Arsenal de Metz. Elle gagnera ensuite les Rencontres d’Arles, puis Marseille et son Centre photographique. Si la transmission de cette odyssée contemporaine est ainsi assurée, il est tout aussi certain qu’elle émerveillera petits et grands.
Auctus Animalis, Vincent Fournier et Sébastien Gaxie, Éditions Filigranes, 64 p., 35 €.
© Vincent Fournier