© Raymond Depardon / Magnum Photos
Edith Piaf lève les yeux au ciel et rêve devant l’objectif de Raymond Depardon. Satisfait d’avoir su capter la profondeur du regard de la chanteuse, il enfourne son scooter italien, reconnaissable à son étiquette de presse collée sur le garde-boue, et roule le sourire aux lèvres dans les rues ensoleillées de Paris. Arrivé dans l’arrière-cour de son appartement de l’île Saint-Louis, il pose son Rolleiflex sur un muret et se prend en photo… Voilà les histoires que l’on peut imaginer en déambulant dans les allées de l’exposition Un moment si doux. Choisir de montrer les clichés en couleur de Raymond Depardon n’est pas juste une façon de sortir des cartons des photos inédites. Ces images n’apportent pas de révélations sur son travail, elles ne bouleversent pas notre vision de ses errances et de ses grands reportages en noir et blanc. La couleur a toujours fait partie de la vie de Depardon, voilà ce qu’on apprend, comme si elle pouvait être plus libre et légère que le noir et blanc. Du Chili à Beyrouth en passant par Glasgow, ce n’est pas la technique, le cadrage ou la lumière qui nous accroche, mais le don qu’a cet artiste de révéler ce que les hommes, les paysages et les objets ont de plus intense. Certaines de ces images n’ont rien de chefs-d’œuvre, on est bien loin de l’anthologie de photojournalisme, mais on se délecte de ces photos comme l’opportunité improbable de côtoyer d’un peu plus près un grand photographe. J.L.
Du 14 novembre 2013 au 10 février 2014, Grand Palais, Paris.