Rebecca Najdowski : expérimentations et désastre écologique

18 décembre 2024   •  
Écrit par Agathe Kalfas
Rebecca Najdowski : expérimentations et désastre écologique
© Rebecca Najdowski
© Rebecca Najdowski

Dans sa série Ambient Pressure, l’artiste Rebecca Najdowski nous invite à interroger le rôle du médium photographique dans notre représentation de la nature. De ses images énigmatiques et expérimentales de paysages transparaît une sourde angoisse, nous rappelant le désastre écologique à venir.

Un vortex nous aspire dans le lit asséché d’une rivière. Une présence ectoplasmique bleutée flotte dans une forêt de bouleaux en hiver. Le ciel est lacéré de toute part dans un paysage de bord de mer. Voici quelques-unes des images qui composent l’étrange univers de Rebecca Najdowski, originaire du Nouveau-Mexique, aux États-Unis, et vivant aujourd’hui à Melbourne, en Australie. Dans son travail, l’artiste pluridisciplinaire utilise aussi bien la vidéo, les diapositives d’archives que la numérisation 3D et l’IA générative, mais la photographie reste son médium de prédilection. « La photographie peut sembler neutre ou transparente, mais elle est en réalité influencée par des considérations idéologiques. Je suis fascinée par son influence et son omniprésence dans notre compréhension du monde », explique-t-elle.

Matérialiser les dommages écologiques

Sa série Ambient Pressure cherche à saper de manière ludique les supports et les structures de représentation des images photographiques de la nature, dont les approches classiques la frustraient. Pour cela, Rebecca Najdowski s’est replongée dans ses archives personnelles d’où elle a extrait des paysages, sans réels intérêts à ses yeux, qu’elle a ensuite transformés. « Je manipule directement les négatifs en les brûlant, en les trouant, en les pliant, par le dessin ou en ajoutant des obstacles physiques tels que des pierres et du plastique lors de la numérisation. J’ai également modifié des tirages avec des autocollants, de la peinture et des découpes. Plutôt que de viser une cohésion esthétique, j’ai adopté une grande variété de méthodes pour modifier ces images et mettre en évidence leur matérialité », précise l’artiste. Au-delà d’une critique des représentations visuelles de la nature, ses manipulations sont aussi pour elle un moyen de matérialiser les dommages écologiques en cours et d’amener les spectateurices à s’interroger sur leur propre relation au vivant, humain et non-humain.

© Rebecca Najdowski
© Rebecca Najdowski
© Rebecca Najdowski
© Rebecca Najdowski
© Rebecca Najdowski
© Rebecca Najdowski
© Rebecca Najdowski
© Rebecca Najdowski
© Rebecca Najdowski
© Rebecca Najdowski
© Rebecca Najdowski
© Rebecca Najdowski
© Rebecca Najdowski
© Rebecca Najdowski
À lire aussi
Arktis : la dystopie polaire d’Axelle de Russé
© Axelle de Russé
Arktis : la dystopie polaire d’Axelle de Russé
Pendant huit ans, la photographe Axelle de Russé a suivi l’évolution du réchauffement climatique en Arctique, une réalité qui chaque jour…
12 décembre 2024   •  
Écrit par Agathe Kalfas
Dans l’œil de Joel Redman : les ravages des dérives capitalistes
© Joel Redman
Dans l’œil de Joel Redman : les ravages des dérives capitalistes
Aujourd’hui, plongée dans l’œil de Joel Redman, qui signe The North Chose Us. Dans cette série, dont nous parlions déjà il y a quelques…
25 décembre 2023   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Explorez
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
© Aletheia Casey
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
À travers A Lost Place, Aletheia Casey matérialise des souvenirs traumatiques avec émotion. Résultant de cinq années de travail...
21 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Année de la mer : 16 séries photographiques qui vous immergent au cœur du monde marin
© Stephanie O'Connor
Année de la mer : 16 séries photographiques qui vous immergent au cœur du monde marin
En 2025, la France célèbre la mer dans l’objectif de sensibiliser les populations aux enjeux qui découlent de ces territoires. À...
19 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Pierre Rahier capture sa vallée et sa famille dans un mutisme tendre
© Pierre Rahier. Le silence de la vallée
Pierre Rahier capture sa vallée et sa famille dans un mutisme tendre
Depuis près de dix ans, à travers sa série Le Silence de la vallée, Pierre Rahier documente son environnement familial dans une vallée...
18 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Jeu de Paume : Paysages mouvants, terrain de nos récits personnels et collectifs
The Scylla/Charybdis Temporal Rift Paradox 2025. Installation : soieries, bras robotisé, vidéo, lumières leds et Uvs (détail). © Mounir Ayache
Jeu de Paume : Paysages mouvants, terrain de nos récits personnels et collectifs
Jusqu’au 23 mars 2025, le Jeu de Paume accueille la deuxième édition de son festival dédié aux images contemporaines : Paysages mouvants....
11 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
Kara Hayward dans Moonrise Kingdom (2012), image tirée du film © DR
Wes Anderson à la Cinémathèque : quand le cinéma devient photographie
L'univers de Wes Anderson s'apparente à une galerie d'images où chaque plan pourrait figurer dans une exposition. Cela tombe à pic : du...
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Cassandre Thomas
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
© Aletheia Casey
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
À travers A Lost Place, Aletheia Casey matérialise des souvenirs traumatiques avec émotion. Résultant de cinq années de travail...
21 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Javier Ruiz au rythme de Chungking
© Javier Ruiz
Javier Ruiz au rythme de Chungking
Avec sa série Hong Kong, Javier Ruiz dresse le portrait d’une ville faite d’oxymores. Naviguant à travers le Chungking Mansions et les...
21 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
© Karim Kal
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
Le photographe franco-algérien Karim Kal a remporté le prix HCB 2023 pour son projet Haute Kabylie. Son exposition Mons Ferratus sera...
20 février 2025   •  
Écrit par Costanza Spina