Avec Harmony of Chaos, le photographe italien Renato D’Agostin propose un projet plastique et abstrait sur Shanghai. Une réflexion grand format sur la condition humaine.
Huit ans. Voici le temps qu’il aura fallu à Renato D’Agostin pour venir à bout de son projet Harmony of Chaos. Une gestation liée à son rapport particulier à la matière. En 2018, ce photographe italien jusqu’alors établi à New York déménage près de Venise et rachète un entrepôt afin de le convertir en chambre noir sur mesure. Son objectif ? Traduire la sensation de claustrophobie ressentie à Sanghai. « Seul un très grand tirage pouvait traduire ce sentiment », confie l’artiste. Un changement d’échelle indispensable pour symboliser la surcroissance urbaine en Chine et le sentiment d’anxiété associé aux mégalopoles. « J’ai poussé le processus de développement à l’extrême en exposant sur une feuille de papier une multitude de vues issues d’un même négatif pour recréer cette sensation de ruche en mouvement perpétuel, précise-t-il. C’est un projet qui me permet de découvrir de nouvelles possibilités en photographie, de décoder un vocabulaire jusque-là inexploré », explique ce dernier.
Analyser l’étendue des possibilités humaines
À l’image de Shanghai, le processus de création suivi par Renato D’Agostin est démentiel. Et pourtant, il signe ici un simple portrait de la ville chinoise. Un portrait sensoriel dont chaque spectateur peut s’emparer. Devant ses images noir et blanc texturées, parfois, les silences s’entremêlent et s’étirent. Quant aux parvis et ciels ? Ils ne font plus qu’un… Le photographe a réussi à capturer les vibrations verticales, avec impertinence et élégance. Abstrait ou artificiel, le paysage qu’il retranscrit ici est un prétexte pour analyser l’étendue des possibilités humaines. Car les ruelles que nous parcourons à la Galerie Thierry Bigaignon sont transposables aux nôtres… Que devient l’homme dans ce décor urbain anxiogène et soumis aux mutations urbaines ? Ne risque-t-il pas de se perdre ? Une chose est certaine, Renato D’Agostin signe ici un projet inédit. Cette immersion inhabituelle au cœur de la Perle de l’Orient se prolonge par un ouvrage majestueux co-édité par the (M) éditions et Quants, au format 55x40cm, lui aussi démesuré.
Jusq’au 31 août 2019, à la Galerie Thierry Bigaignon.
© Renato-D’Agostin / Courtesy Galerie Thiery Bigaignon