Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. La Britannique Julie Cockburn mélange les arts – broderie, photographie ou même collage – pour donner une nouvelle vie aux images anciennes.
Née à Londres en 1966, Julie Cockburn se définit comme « une artiste visuelle jouant avec la photographie, les cartes postales, les peintures, et même [s]es dessins d’enfance ». Une série d’expérimentations qu’elle débute dans les années 1990, alors qu’elle étudie la sculpture au Central Saint Martin’s College of Art and Design, au Royaume-Uni. « Les professeurs nous encourageaient à ne pas nous limiter au bronze, au bois ou au plâtre, et, ayant peu d’argent, j’ai commencé à écumer les brocantes à la recherche d’objets trouvés », raconte-t-elle.
C’est dans ces boutiques que l’artiste a eu l’idée d’incorporer la photographie à ses créations. Trouvés au détour de ses errances ou sur eBay, les clichés lui inspirent un projet créatif et coloré. « J’aime répondre aux questions qu’une image pose. J’ai l’impression de me joindre à une conversation, plutôt que de faire face à une toile vide », explique-t-elle. L’image d’archive – portraits, paysages, ou nature morte datant des années 1940 à 1960 – devient alors un support qu’elle pare de multiples accessoires. Broderies, collages et perles transforment les photographies en œuvres hybrides, parfois même pensées en 3D. « Il s’agit d’un processus étonnamment physique : je mets entre cinq et dix jours à terminer chaque pièce », précise Julie Cockburn.
L’amour des choses faites à la main
« Je suis inspirée par tous les matériaux que j’utilise. Chaque élément provoque une certaine émotion chez moi. Il s’agit de découvrir laquelle et de la mettre en lumière »,
confie l’artiste. Fascinée par le travail de Picasso, les arts traditionnels japonais, ou même les vidéos Instagram de décoration de gâteaux, elle puise dans son imaginaire hétéroclite pour redonner une seconde vie aux clichés d’un autre temps. Les images qu’elle choisit représentent d’ailleurs un archétype classique, fruit d’une composition rigide, que l’on retrouvait également dans les peintures du 18e siècle. « Mon ordinateur et mes interventions les séparent de ce contexte historique pour les replacer dans un présent plus cohérent », complète Julie Cockburn.
Pour elle, cette manière de créer est instinctive, fruit, sans doute, d’une saturation, face à un monde dominé par le plastique, la vitesse et le numérique. En détournant ces clichés, l’auteure nous invite à prendre le temps d’observer chaque détail, de nous amuser des contrastes entre les textures, les formes et les tons. « J’apprécie beaucoup cet amour grandissant pour les choses faites à la main », commente-t-elle. En mêlant image et matière, passé et présent, elle développe une œuvre graphique, surréaliste et indémodable.
© Julie Cockburn