Sculpter l’image

08 janvier 2020   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Sculpter l’image

Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. La Britannique Julie Cockburn mélange les arts – broderie, photographie ou même collage – pour donner une nouvelle vie aux images anciennes.

Née à Londres en 1966, Julie Cockburn se définit comme « une artiste visuelle jouant avec la photographie, les cartes postales, les peintures, et même [s]es dessins d’enfance ». Une série d’expérimentations qu’elle débute dans les années 1990, alors qu’elle étudie la sculpture au Central Saint Martin’s College of Art and Design, au Royaume-Uni. « Les professeurs nous encourageaient à ne pas nous limiter au bronze, au bois ou au plâtre, et, ayant peu d’argent, j’ai commencé à écumer les brocantes à la recherche d’objets trouvés », raconte-t-elle.

C’est dans ces boutiques que l’artiste a eu l’idée d’incorporer la photographie à ses créations. Trouvés au détour de ses errances ou sur eBay, les clichés lui inspirent un projet créatif et coloré. « J’aime répondre aux questions qu’une image pose. J’ai l’impression de me joindre à une conversation, plutôt que de faire face à une toile vide », explique-t-elle. L’image d’archive – portraits, paysages, ou nature morte datant des années 1940 à 1960 – devient alors un support qu’elle pare de multiples accessoires. Broderies, collages et perles transforment les photographies en œuvres hybrides, parfois même pensées en 3D. « Il s’agit d’un processus étonnamment physique : je mets entre cinq et dix jours à terminer chaque pièce », précise Julie Cockburn.

© Julie Cockburn© Julie Cockburn

L’amour des choses faites à la main

« Je suis inspirée par tous les matériaux que j’utilise. Chaque élément provoque une certaine émotion chez moi. Il s’agit de découvrir laquelle et de la mettre en lumière »,

confie l’artiste. Fascinée par le travail de Picasso, les arts traditionnels japonais, ou même les vidéos Instagram de décoration de gâteaux, elle puise dans son imaginaire hétéroclite pour redonner une seconde vie aux clichés d’un autre temps. Les images qu’elle choisit représentent d’ailleurs un archétype classique, fruit d’une composition rigide, que l’on retrouvait également dans les peintures du 18e siècle. « Mon ordinateur et mes interventions les séparent de ce contexte historique pour les replacer dans un présent plus cohérent », complète Julie Cockburn.

Pour elle, cette manière de créer est instinctive, fruit, sans doute, d’une saturation, face à un monde dominé par le plastique, la vitesse et le numérique. En détournant ces clichés, l’auteure nous invite à prendre le temps d’observer chaque détail, de nous amuser des contrastes entre les textures, les formes et les tons. « J’apprécie beaucoup cet amour grandissant pour les choses faites à la main », commente-t-elle. En mêlant image et matière, passé et présent, elle développe une œuvre graphique, surréaliste et indémodable.

© Julie Cockburn© Julie Cockburn

© Julie Cockburn

© Julie Cockburn© Julie Cockburn

© Julie Cockburn

Explorez
La sélection Instagram #525 : fragment ou totalité ?
© Michał Bugalski / Instagram
La sélection Instagram #525 : fragment ou totalité ?
L’acte photographique est un geste de découpe : l’image ne retient qu’une portion du réel, délimitée par le cadrage. Elle peut donc être...
23 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Jet Siemons : combien de temps faudra‑t‑il pour qu’on m’oublie ? 
© Jet Siemons
Jet Siemons : combien de temps faudra‑t‑il pour qu’on m’oublie ? 
Dans Hannie & Billo – The Trail Project, Jet Siemons retrace la trajectoire d’un couple, Hannie et Billo, à partir d’un album photo...
18 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Le 7 à 9 de Chanel : Valérie Belin et la beauté, cette quête insoluble
© Valérie Belin
Le 7 à 9 de Chanel : Valérie Belin et la beauté, cette quête insoluble
L’heure des rencontres « 7 à 9 de Chanel » au Jeu de Paume a sonné. En cette rentrée, c’est au tour de Valérie Belin, quatrième invitée...
16 septembre 2025   •  
Écrit par Ana Corderot
Couldn’t Care Less de Thomas Lélu et Lee Shulman : un livre à votre image
Couldn't Care Less © Thomas Lélu et Lee Shulman
Couldn’t Care Less de Thomas Lélu et Lee Shulman : un livre à votre image
Sous le soleil arlésien, nous avons rencontré Lee Shulman et Thomas Lélu à l’occasion de la sortie de Couldn’t Care Less. Pour réaliser...
11 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 22 septembre 2025 : poésie, transmission et écologie
© Léo d'Oriano
Les images de la semaine du 22 septembre 2025 : poésie, transmission et écologie
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les images publiées dans Fisheye donnent à voir des messages d’émancipation, de ruptures avec les...
Il y a 7 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Photoclimat 2025 : la photographie au service de l’environnement
© Juliette-Andréa Élie / Fondation Avril
Photoclimat 2025 : la photographie au service de l’environnement
Jusqu’au 12 octobre 2025, la 3e édition de la biennale Photoclimat prend ses quartiers à Paris. De la place de la Concorde à celle de...
27 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Valentin Derom : photographier le soin dans toute son ambivalence
© Valentin Derom
Valentin Derom : photographier le soin dans toute son ambivalence
Avec Support Systems, Valentin Derom explore les gestes de soin là où on ne les attend pas : dans les étables, aux côtés de son père...
26 septembre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
L'engagement écologique et la photographie : la séance de rattrapage Focus
© Sophie Alyz
L’engagement écologique et la photographie : la séance de rattrapage Focus
Les photographes des épisodes de Focus sélectionnés ici s’emparent de leur médium pour raconter des récits d’engagement environnemental....
25 septembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine