À l’issue de ses six années passées au Japon, Gueorgui Tcherednitchenko, photographe franco-russe, décide de faire de son retour en Europe une épopée. De ce périple de deux mois naît The Long Way Home, un carnet de voyage visuel.
Gueorgui Tcherednitchenko naît en Russie et déménage en France alors qu’il est encore enfant. Sa jeunesse, passée des deux côtés du rideau de fer, est marquée par une volonté de trouver des terrains d’entente entre les cultures. « Je suis très intéressé par les notions d’origine et d’extranéité. Grandir en tant qu’étranger dans un pays a fait de ma vie une quête permanente de liens entre les peuples », explique le photographe. Lorsqu’il quitte Tokyo, l’envie d’explorer de nouveaux territoires prend le dessus, et son retour se transforme en un long voyage à travers Hong Kong, Taipei, Shanghai, Pékin, la Mongolie, la Sibérie, et finalement Moscou. « Le résultat est un ouvrage comprenant 50 photos sélectionnées parmi les 6 000 clichés réalisés pendant cette aventure », confie Gueorgui. Un véritable journal de bord où rencontres et paysages se mêlent et forment des échos de ce voyage le long des rails du Transmongolien et du Transsibérien.
Une photographie « japonisée »
Une certaine authenticité se dégage du trajet du photographe. Portraits et panoramas nous emportent, avec une spontanéité rafraîchissante. Si Gueorgui a toujours privilégié le ressenti à la technique, ses années passées au Japon influencent sa manière de penser l’image. « Là-bas, il y a une forte culture du snapshot. Beaucoup de Japonais aiment photographier le quotidien, leur amis proches, sans faire toujours attention au procédé », explique-t-il. C’est donc à l’instinct que Gueorgui immortalise son périple eurasien. Les paysages le long des rails le touchent, ainsi que les rencontres éphémères. Ses portraits sont d’ailleurs des hommages à ces globe-trotteurs, croisés le temps d’une soirée dans les auberges, au cours du périple. Dans The Long Way Home, l’image est frontale, prise dans l’instant, sous le coup d’une émotion. La lumière y est naturelle, et éclaire ces souvenirs visuels avec fidélité. « Selon moi, la vie de tous les jours, avec ses espaces urbains et ses personnages, est beaucoup plus théâtrale et poétique que les photographies réalisées en studio », conclut simplement le photographe.
© Gueorgui Tcherednitchenko