La Galerie XII présente, jusqu’au 13 juillet, une exposition de l’artiste danoise Susanne Wellm. Par ses images, celle-ci explore les drames de l’Europe contemporaine et les récits urbains et quotidiens.
Depuis les années 1990, Susanne Wellm expérimente plusieurs techniques photographiques, avec toujours le souci du matériel de départ. Elle jongle entre le numérique et l’argentique, en pratiquant une abstraction qui s’émancipe du réalisme photographique. Récemment, elle a mis au point une technique mêlant photographie et tissage. En ajoutant des couches complexes et matérielles de couleur, elle donne de la profondeur à ses œuvres. Elle établit des liens entre vie quotidienne et histoire collective et les sublime d’une narration poétique qui laisse le champ libre à une interprétation plus large. Les images étranges et texturées de Susanne Wellm sont à la fois de simples suggestions et des histoires inachevées. Comme le précisent les galeristes Chantal et Gabriel Bauret : « elles suscitent une réflexion sur notre éternelle quête de sens, dans les relations enchevêtrées entre nous-mêmes et le monde, entre le passé et le présent. »
Tutoyer la fiction
Le travail de Susanne Wellm va à contrecourant des tendances de l’histoire de la photographie. Au lieu de sanctifier le réel et d’aller au plus près du détail, la photographe s’emploie à fictionnaliser ce qui l’entoure et à « tutoyer la fiction ». En jouant avec le mystère, la photographe adopte une approche « sommaire » de son environnement. Son processus consiste à repérer des images en provenance de toute sorte d’archives – souvent œuvre de photographes anonymes – pour les superposer et donner vie à des clichés entièrement nouveaux. Une opération qu’elle couple à une autre discipline. L’artiste entremêle des « longues bandes de tirages avec des fils se répartissant très régulièrement et méthodiquement à la surface de l’œuvre, ou s’interrompant parfois au milieu des photographies », expliquent les galeristes. Le regard se pose alors plus sur le procédé que sur le sujet de la photographie, envers lequel l’artiste fait preuve d’une forme d’humilité. « Un rideau est tombé entre le·a spectateurices et la scène, écrivent Chantal et Gabriel Bauret. Mais l’on entrevoit que derrière lui·elle un monde vit et bouge, la transparence du tissu, comme parfois au théâtre, laissant deviner des présences : nous percevons la réalité par bribes. »