La 193 Gallery présente, jusqu’au 30 décembre 2023, You Thought You Could Throw Me Away, une exposition de Thandiwe Muriu, photographe kényane qui explore les thématiques de l’identité, de la quête de soi, et de la condition féminine dans un monde contemporain contrasté, marqué par les thématiques du déracinement et des inégalités.
Née et élevée à Nairobi, au Kenya, Thandiwe Muriu est l’une des photographes les plus suivies de la scène contemporaine africaine. Jusqu’au 30 décembre, la 193 Gallery de Paris lui dédie un solo show, You Thought You Could Throw Me Away. Le travail de Thandiwe Muriu adopte un langage foisonnant, qui mêle les questions de la quête d’identité avec celles liées à la condition des femmes au Kenya. Dans des tableaux aux géométries et couleurs contrastants et vifs, elle fait cohabiter l’univers du portrait, du textile et elle y incorpore d’exubérants objets du quotidien. Autant d’artefacts qui font rayonner l’identité kényane et l’interprétation de l’artiste d’une féminité moderne et assumée. L’artiste est autodidacte : au Kenya, il n’existe pas d’école de photographie à proprement parler. Elle apprivoise le médium à 14 ans en se servant du Nikon D80 de son père. Elle se plonge dans des tutoriels, livres, et toute ressource pouvant l’aider à améliorer sa technique. Dès ses 17 ans elle travaille déjà comme photographe professionnelle et à 23, elle réalise sa première campagne solo. Aujourd’hui, elle est la première femme photographe à avoir réussi sans jamais quitter le Kenya. En se battant dans un monde dominé par les hommes, elle cumule des expériences la menant à une profonde réflexion sur la place des femmes en société. De ce constat, naît la série Camo¸ qui sera présenté à la 193 Gallery, et qui est un voyage artistique à la découverte de soi-même et de ses représentations.
Une quête de soi en tant que femme kényane
Les photographies de Thandiwe Muriu, selon ses dires, sont une tentative de déconstruire le mélange unique de pratiques culturelles, de textiles et de beauté idéologique propre à l’Afrique. Dans Camo, l’artiste se confronte aux questions relatives à l’identité et à la quête de soi, en donnant vie à des portraits surréalistes prouvant toute sa maîtrise des couleurs et des formes. Le Wax, ou Ankara, est omniprésent dans ces compositions : le tissu dissimule les corps tout en évoquant l’évolution identitaire des sujets. Une attention particulière est portée aux cheveux et aux coiffures. Par la riche histoire des coiffures traditionnelles, elle entend mettre en lumière la richesse des structures tout en les modernisant et en proposant aux jeunes de se replonger dans ce patrimoine historique. Au cœur de sa démarche, une envie de réfléchir à la place des femmes au Kenya et aux tentatives d’émancipation et autonomisation. Des rouleaux de papier toilette aux épingles à cheveux, la photographe détourne les objets du quotidien utilisés par les femmes kényanes pour en faire des accessoires de mode décalés et hautement symboliques. Les habits et les lunettes sont fabriqués en collaboration avec des artisan·es locaux·les, afin d’ancrer encore plus ce travail dans la culture de laquelle il se nourrit. Une œuvre totale donc, qui du début à la fin nous emmène dans un voyage coloré, introspectif au cœur du quotidien d’une femme dans le Kenya contemporain.