Tina Modotti et Bertille Bak au Jeu de Paume en 2024

01 décembre 2023   •  
Écrit par Costanza Spina
Tina Modotti et Bertille Bak au Jeu de Paume en 2024
© Bertille Bak
© Tina Modotti

© Bertille Bak

© Bertille Bak

© Tina Modotti
À lire aussi
De la dictature à nos jours, Paz Errázuriz illumine les marges de la société chilienne
Tango VIII. Série Tango, 1987. Tirage argentique, 50 x 60 cm © Paz Errázuriz / mor charpentier
De la dictature à nos jours, Paz Errázuriz illumine les marges de la société chilienne
Jusqu’au 20 décembre 2023, la Maison de l’Amérique latine consacre une rétrospective à la carrière de Paz Errázuriz, une première à…
21 septembre 2023   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Julia Margaret Cameron & Victor Burgin : le Jeu de Paume fait sa rentrée
© Victor Burgin
Julia Margaret Cameron & Victor Burgin : le Jeu de Paume fait sa rentrée
Le Jeu de Paume fait sa rentrée avec deux rétrospectives d’envergure, l’une consacrée à la…
13 juillet 2023   •  
Écrit par Costanza Spina
« Renverser ses yeux » : La richesse créative de l’art pauvre
« Renverser ses yeux » : La richesse créative de l’art pauvre
Rendez-vous immanquable de la rentrée, l’exposition Renverser ses yeux – accueillie à la fois par le BAL et le Jeu de Paume – fait la…
19 octobre 2022   •  
Écrit par Lou Tsatsas

Le Jeu de Paume inaugure son année 2024 avec deux expositions d’envergure, à découvrir du 13 février au 26 mai prochains : l’une consacrée à l’activiste politique et avant-gardiste de la photo documentaire, Tina Modotti, l’autre, à Bertille Bak, qui a recensé des rituels en voie de disparition autour du monde. Dans son travail, elle archive les savoirs et les expériences des « invisibles » de la société.

À l’occasion de la nouvelle année, le Jeu de Paume inaugure deux nouvelles expositions photographiques. Avec L’œil de la révolution, le musée rend tout d’abord hommage à Modotti, figure incontournable de la photographie italienne, activiste politique inspirée de la révolution mexicaine. Essentiellement produite entre 1923 et 1930, son œuvre est traversée par les événements majeurs de cette période, en particulier l’émigration italienne aux Etats-Unis et la révolution au Mexique. Avec un langage franc et honnête, Tina Modotti représente cette société intellectuelle foisonnante, en se rapprochant particulièrement du couple de Frida Kahlo et Diego Rivera. Ayant subi pendant longtemps l’étiquette d’« élève d’Edward Weston », aujourd’hui, enfin, son travail photographique se détache dans sa singularité.

L’exposition illustre ses débuts à Hollywood, pour ensuite présenter en 240 clichés, l’étendu de sa production de photographies sociales, encrées dans son époque, au plus près du peuple mexicain, dont elle tire des portraits devenus iconiques. Bien que l’artiste soit représentative de son époque, elle a aussi contribué à la naissance d’un regard féminin en photographie. En l’observant depuis un prisme contemporain, sa contribution aux luttes pour les droits des femmes paraît évidente. L’exposition résonne avec celle consacrée à Bertille Bak qui, elle aussi, par ses images, donne une voix aux personnes marginalisées : l’autrice collecte et archive les traces de groupes minorisés, « invisibles », pour créer des récits filmiques. Des œuvres empreintes d’une certaine poésie qui ne cachent pourtant pas la violence des conditions sociales. Entre le documentaire, la recherche ethnographique et la fiction poétique, la photographe met en avant des métiers et des rituels en voie de disparition. Les deux expositions seront ouvertes jusqu’au 26 mai 2024.

Préserver de l’oubli et de la disparition

L’œuvre de Bertille Bak s’impose comme une grande et précieuse archive. Elle est le résultat de ses voyages au cœur de communautés marginalisées par la société occidentale ou par la mondialisation. En rentrant en contact avec elleux, la photographe documente leurs mœurs, leurs rites et leurs codes afin de les préserver de l’oubli et de la disparition. La scénographie, conçue par l’artiste, crée des dialogues entre les œuvres afin de dénoncer les relations de dépendance Nord-Sud, sans renoncer à une forme d’humour aux traits parfois cyniques. D’un groupe tsigane à Ivry-sur-Seine, à une communauté d’immigré·es polonais·es de New-York, en passant par les habitant·es d’un immeuble bangkokien voué à la destruction ou encore de populations minières déplacées du Nord de la France, l’artiste interroge notre vision du « vivre-ensemble » et les dérives capitalistes et productivistes de la culture occidentale. L’idée est ici de créer un répertoire d’outils et d’idées concernant la lutte et proposant des nouvelles manières de résister. Les films présentés au Jeu de Paume, parfois théâtraux et allégoriques, attirent ainsi notre attention sur des mondes en voie de disparition, plongeant le·a spectateurice dans le quotidien de sociétés invisibles. 

© Tina Modotti
© Bertille Bak

Explorez
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
© Karim Kal
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
Le photographe franco-algérien Karim Kal a remporté le prix HCB 2023 pour son projet Haute Kabylie. Son exposition Mons Ferratus sera...
20 février 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
On Mass Hysteria : étude d'une résistance physique contre l'oppression
CASE PIECE #1 CHALCO, (Case 1, Mexico, On Mass Hysteria), 2023, Courtesy Galerie Les filles du calvaire, Paris © Laia Abril
On Mass Hysteria : étude d’une résistance physique contre l’oppression
À travers l’exposition On Mass Hysteria - Une histoire de la misogynie, présentée au Bal jusqu’au 18 mai 2025, l’artiste catalane...
19 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Tisser des liens, capter des mondes : le regard de Noémie de Bellaigue
© Noémie de Bellaigue
Tisser des liens, capter des mondes : le regard de Noémie de Bellaigue
Photographe et journaliste, Noémie de Bellaigue capture des récits intimes à travers ses images, tissant des liens avec celles et ceux...
15 février 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Faits divers : savoir mener l’enquête
© Claude Closky, Soucoupe volante, rue Pierre Dupont (6), 1996.
Faits divers : savoir mener l’enquête
Au Mac Val, à Vitry-sur-Seine (94), l’exposition collective Faits divers – Une hypothèse en 26 lettres, 5 équations et aucune réponse...
13 février 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
© Aletheia Casey
A Lost Place : Aletheia Casey évoque le traumatisme des feux australiens
À travers A Lost Place, Aletheia Casey matérialise des souvenirs traumatiques avec émotion. Résultant de cinq années de travail...
21 février 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Javier Ruiz au rythme de Chungking
© Javier Ruiz
Javier Ruiz au rythme de Chungking
Avec sa série Hong Kong, Javier Ruiz dresse le portrait d’une ville faite d’oxymores. Naviguant à travers le Chungking Mansions et les...
21 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
© Karim Kal
Karim Kal : paysages nocturnes de la Haute Kabylie
Le photographe franco-algérien Karim Kal a remporté le prix HCB 2023 pour son projet Haute Kabylie. Son exposition Mons Ferratus sera...
20 février 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Juno Calypso : palais paranoïaque
© Juno Calypso. What to Do With a Million Years ? « Subterranean Kitchen »
Juno Calypso : palais paranoïaque
Dans sa série What to Do With a Million Years ? , la photographe britannique Juno Calypso investit un abri antiatomique extravagant non...
20 février 2025   •  
Écrit par Marie Baranger