« Au quotidien, la photographie me procure un drôle de mélange entre apaisement et remise en question. C’est une manière d’aller vers des personnes et découvrir des réalités distinctes, d’affiner ma perception des autres. Il y a également tout un aspect méditatif. Je reste très attaché à l’aspect charnel, au geste du médium. C’est une façon de ralentir le rythme et de (ré)investir ces petits moments de flottements », confie Tom Lyon. C’est à l’âge de six ans que son père l’initie à la photographie argentique, le poussant à rester attentif à son environnement. Aujourd’hui encore, le photographe belgo-italien garde de vives sensations de ses premiers pas artistiques : de l’attente à la joie de la capture photographique en passant par les flâneries aux côtés de son paternel. Grâce à cet intérêt porté sur autrui, il en apprend davantage sur lui-même, et s’émerveille de l’aura qui se dégage d’un corps ou de l’intensité furtive d’un regard. « Je pense qu’il y a quelque chose de très organique dans ma pratique – de l’ordre de l’intuition. Cependant, deux moments se démarquent. D’une part, il y a la déambulation. Le temps qui passe, la lenteur de la marche font que mes pensées se bousculent. À un moment, je lâche prise et me lance. La désorientation me permet de créer de la rencontre, explique l’artiste, avant de poursuivre : D’autre part, il y a le portrait, le moment partagé avec une personne où le temps me semble à la fois ralenti et accéléré. La tension qui peut émerger entre le modèle et moi-même. C’est quelque chose de changeant, à la limite de l’incontrôlable. » Humanistes et essentielles, ses images offrent des bribes de vies qui, un temps lointaines, deviennent étrangement familières.
© Tom Lyon