Tye Martinez, paranormal creativity

18 mars 2023   •  
Écrit par Milena III
Tye Martinez, paranormal creativity

Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité. L’univers sombre et dystopique de Tye Martinez s’inspire des oeuvres cultes de science-fiction et des phénomènes paranormaux. L’artiste américain étonne par la fantaisie et l’originalité de l’esthétique qu’il développe.

Dans la description de son compte Instagram, le photographe Tye Martinez déclare : « Je ne documente pas la réalité ». L’imagerie qui habite ses créations ? Des personnages flottants, des créatures volantes, des maisons hantées, des humains-araignées, des ombres autonomes… L’esthétique retro de l’artiste, inspirée par la science-fiction et l’horreur, explore un univers dystopique proche du fantastique. Avec ses séries Nothing Good Happens After 2AM, Conspiracy ou This City Hates Me, il se concentre sur les liens entre les émotions et les différentes formes d’art – littérature, cinéma, peinture, photographie – autant de passerelles contribuant à lever le tabou sur les notions de différence et de déprime. « Mon intention, précise-t-il, est de créer une esthétique sombre qui inspire les gens comme moi à imaginer un monde qui n’est pas le nôtre, tout en se sentant relativement proche de ce dernier. »

Tout commence pour lui par l’arrivée dans sa vie d’un Pentax K1000, offert par son frère à l’âge de quinze ans. Lorsque l’application Vine est apparue, il se met à réaliser de manière compulsive des vidéos « très étranges et inquiétantes », en animation en volume – une technique utilisant des objets réels – et en accéléré, et développe ainsi sa créativité. Depuis, Tye Martinez n’a jamais abandonné l’idée de vivre de sa passion. Installé à Portland, dans l’Oregon – après avoir grandi en Californie et déménagé dans une multitude d’endroits aux États-Unis –, l’artiste partage désormais son quotidien entre réalisation vidéo, photographie, dessin, peinture et composition musicale sur ordinateur.

© Tye Martinez

Peurs d’enfances et esthétique du chaos

Au cœur des projets de Tye Martinez, l’esthétique de la monstruosité et du chaos domine. Dans Nothing Good Happens After 2AM, l’auteur aborde le paranormal et les événements inconnus qui se produisent aux heures les plus sombres de la nuit. « La plupart se déroule dans les environnements urbains qui m’entourent, ce qui leur confère un caractère moderne et réaliste par rapport à ce que nous vivons dans notre vie quotidienne », explique-t-il. Une thématique effrayante qu’il aborde avec humour, puisque le titre de la série fait référence à un épisode de How I met your mother, dans lequel il arrive constamment de mauvaises choses à Ted Mosby, personnage principal de la série, après deux heures du matin. À travers This City Hates Me, Tye Martinez évoque cette fois l’agoraphobie dont il souffre, particulièrement à Bellingham (dans l’État de Washington) et Portland, où il vit actuellement, toutes deux « mornes et déprimantes », s’amuse-t-il. Conspiracy, enfin, porte sur le sentiment que des puissances supérieures et inconnues, telles que le gouvernement ou les organisations secrètes, opèrent dans nos vies actuelles. « Cette série a été inspirée à l’origine par mon père, qui est très porté sur les théories du complot et ne fait pas confiance au gouvernement », confie-t-il.

Autant de récits résonnant avec une enfance sombre : une relative pauvreté, un climat d’instabilité familiale ponctué de déménagements et de divorces. Fervent croyant en la capacité cathartique de la création et de la vision artistiques, Tye Martinez voit ses images comme un outil thérapeutique, influencé par les peurs et les frayeurs enfouies en chacun·e de nous. Et parmi les sentiments qui le fascinent particulièrement se trouve la « scopesthésie » : l’impression d’être observé·e en permanence, que certaines personnes développent comme un sixième sens. « C’est un sentiment de malaise que j’adore », précise-t-il. En parallèle, l’auteur se nourrit des œuvres cultes fictives pour développer son univers : Abattoir 5 ou la Croisade des enfants, Le Meilleur des mondes, Ça… Une multitude de références qui alimenteront, sans nul doute, ses explorations visuelles futures.

© Tye Martinez

© Tye Martinez© Tye Martinez

© Tye Martinez

© Tye Martinez© Tye Martinez

© Tye Martinez

© Tye Martinez© Tye Martinez

© Tye Martinez

© Tye Martinez© Tye Martinez

© Tye Martinez

Explorez
Le 7 à 9 de Chanel : Valérie Belin et la beauté, cette quête insoluble
© Valérie Belin
Le 7 à 9 de Chanel : Valérie Belin et la beauté, cette quête insoluble
L’heure des rencontres « 7 à 9 de Chanel » au Jeu de Paume a sonné. En cette rentrée, c’est au tour de Valérie Belin, quatrième invitée...
Il y a 7 heures   •  
Écrit par Ana Corderot
Couldn’t Care Less de Thomas Lélu et Lee Shulman : un livre à votre image
Couldn't Care Less © Thomas Lélu et Lee Shulman
Couldn’t Care Less de Thomas Lélu et Lee Shulman : un livre à votre image
Sous le soleil arlésien, nous avons rencontré Lee Shulman et Thomas Lélu à l’occasion de la sortie de Couldn’t Care Less. Pour réaliser...
11 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La sélection Instagram #523 : loup y es-tu ?
© Ecaterina Rusu / Instagram
La sélection Instagram #523 : loup y es-tu ?
Photographier signifie souvent montrer, dévoiler, révéler. Pourtant, il arrive que ce qui se trouve de l’autre côté de l’objectif ne...
09 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Simon Baker quitte la direction de la Maison européenne de la photographie
© Marguerite Bornhauser
Simon Baker quitte la direction de la Maison européenne de la photographie
Ce lundi 8 septembre 2025, la Maison européenne de la photographie a annoncé le départ de Simon Baker, son directeur, après sept années...
08 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Le 7 à 9 de Chanel : Valérie Belin et la beauté, cette quête insoluble
© Valérie Belin
Le 7 à 9 de Chanel : Valérie Belin et la beauté, cette quête insoluble
L’heure des rencontres « 7 à 9 de Chanel » au Jeu de Paume a sonné. En cette rentrée, c’est au tour de Valérie Belin, quatrième invitée...
Il y a 7 heures   •  
Écrit par Ana Corderot
La sélection Instagram #524 : espaces intimes
© Sara Lepore / Instagram
La sélection Instagram #524 : espaces intimes
La maison se fait à la fois abri du monde et porte vers le dehors, espace de l’intime et miroir de nos modes de vie. Les artistes de...
Il y a 11 heures   •  
Écrit par Lucie Donzelot
5 coups de cœur qui témoignent d'un quotidien
I **** New York © Ludwig Favre
5 coups de cœur qui témoignent d’un quotidien
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
15 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
Couldn't Care Less © Thomas Lélu et Lee Shulman
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, l’amour et les déplacements, quels qu’ils soient, ont traversé les pages de Fisheye. Ceux-ci se...
14 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet