Une exposition vue par un photographe : Eileen Cho commente « L’incurable égoïste »

05 juillet 2017   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Une exposition vue par un photographe : Eileen Cho commente "L'incurable égoïste"

Eileen Cho a 25 ans, elle est photographe depuis deux ans. Nous l’avions publiée dans nos coups de coeur il y a un an et nous l’avons rencontrée pour la première fois à Arles, dans notre QG Le Magasin de Jouets. Rendez-vous pris, nous nous sommes données rendez-vous ce matin pour visiter une expo de son choix : L’incurable égoïste, une formidable rétrospective dédiée au photographe japonais Masahisa Fukase, présentée jusqu’au 24 septembre prochain.

Fisheye : Pourquoi avoir choisi cette exposition ?

Eileen Cho : C’est très excitant je trouve, qu’un photographe japonais ait une exposition aussi importante dans le programme des Rencontres. Ca n’arrive pas souvent que la photographie japonaise soit autant mise en avant, même si, c’est vrai, c’est une tendance forte de la photographie contemporaine. Je suis aussi très admirative du travail de Fukase, que je connaissais principalement à travers les portraits qu’il a réalisé de son ex-femme Yoko, ainsi que sa série Ravens, qui est un beau témoignage de sa solitude et de sa dépression. Et c’est ce que les photographes japonais font ! Ils documentent leur vie quotidienne en composant des récits intimistes et tristes. C’est pourquoi il était indispensable pour moi de voir cette exposition.

Quand as-tu découvert le travail de Masahisa Fukase?

J’ai découvert Fukase il y a deux ans, quand j’ai débuté la photographie. Mais à travers cette exposition, j’ai découvert d’autres dimensions de son oeuvre. Par exemple, son travail autour de la couleur. très inspirée par la photographie japonaise, dans le sens où l’essentiel de mon travail consiste à documenter ma vie quotidienne. J’aime beaucoup m’investir dans chaque image, et à mon sens c’est ce que font les photographes japonais.

: Private Scenes, 1991. Avec l’aimable autorisation de Masahisa Fukase Archives

Private Scenes, 1991, © Masahisa Fukase / Avec l’aimable autorisation de Masahisa Fukase Archives

Dans quel sens son travail influence-t-il le tien ?

Fukase a dit un jour : « Ce qui m’intéresse, c’est toujours moi. » Et c’est ce que je ressens dans ma pratique photographique. Prendre des photos, c’est quelque chose de très égoïste. Avant de déclencher, je sens que je me jette toute entière dans l’image que je suis en train de saisir. Mes sentiments, mes pensées… Je prends des photos de manière obsessionnelle. Dans ce sens, Fukase m’inspire énormément. La photographie, c’est aussi un moyen de survivre, d’être au monde. Et Fukase, Daido Moriyama, Noboyushi Araki photographiaient aussi pour cette raison !

Dans l’exposition, quelles sont les photos qui t’ont le plus marquée ?

D’abord, celle du chaton qui tient dans sa gueule une cigarette. La composition de cette image est tout ce qu’il y a de plus simple, je déteste les chats, mais pourtant cette photo me parle beaucoup. Je trouve qu’elle est très poétique. Ensuite, il y a ces deux portraits de personnes âgées – les parents ou les grands-parents de l’artiste. Encore une fois, la composition est très simple, un cadrage serré sur les yeux… Mais quand je regarde ces deux images, j’ai l’impression de recevoir un coup de poing dans le ventre. Elles sont très intenses, très puissantes. Enfin, il y a cette dernière image qui est un autoportrait de l’artiste dans une baignoire remplie d’eau. Je l’aime beaucoup, car elle montre bien que Fukase aimait expérimenté des choses. C’est un très bel autoportrait, riche en symboles.

 

Vues de l’exposition L’incurable égoïste, présentée au Palais de l’Archevêché, à Arles – © Eileen Cho

Explorez
Chad Unger, feu tranquille
© Chad Unger
Chad Unger, feu tranquille
Chad Unger est l’auteur de la série au titre étrange et poétique Fire Barked At Eternity – littéralement « le feu aboya à l’éternité »....
20 décembre 2025   •  
Écrit par Milena III
4 livres à offrir à Noël : partons en vadrouille
American Album © Eloïse Labarbe-Lafon
4 livres à offrir à Noël : partons en vadrouille
Noël approche. À cette occasion, la rédaction de Fisheye vous concocte des sélections de ses livres photo préférés, que vous...
19 décembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les coups de cœur #569 : Axel Pimont et Pierre Leu
© Axel Pimont
Les coups de cœur #569 : Axel Pimont et Pierre Leu
Axel Pimont et Pierre Leu, nos coups de cœur de la semaine, pratiquent avec retenue la photographie de rue. Si les deux cherchent à...
15 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Bernard Plossu : Naples à hauteur d'âme
© Bernard Plossu
Bernard Plossu : Naples à hauteur d’âme
Présentée à la galerie Territoires Partagés jusqu'au 31 janvier 2026, Les Napolitains de Bernard Plossu marque un tournant dans le...
11 décembre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 15 décembre 2025 : hommage, copines et cartes postales
© Ashley Bourne
Les images de la semaine du 15 décembre 2025 : hommage, copines et cartes postales
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, nous rendons hommage à Martin Parr, vous dévoilons des projets traversés par l’énergie d’une...
Il y a 5 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Chad Unger, feu tranquille
© Chad Unger
Chad Unger, feu tranquille
Chad Unger est l’auteur de la série au titre étrange et poétique Fire Barked At Eternity – littéralement « le feu aboya à l’éternité »....
20 décembre 2025   •  
Écrit par Milena III
4 livres à offrir à Noël : partons en vadrouille
American Album © Eloïse Labarbe-Lafon
4 livres à offrir à Noël : partons en vadrouille
Noël approche. À cette occasion, la rédaction de Fisheye vous concocte des sélections de ses livres photo préférés, que vous...
19 décembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Sarah Bahbah : écran d’intimité
© Sarah Bahbah
Sarah Bahbah : écran d’intimité
Sarah Bahbah a imaginé Can I Come In?, un format immersif à la croisée du podcast, du film et du documentaire. Dans les six épisodes qui...
18 décembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet