Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. Le photographe Karen Khachaturov fait dialoguer utopie et dystopie dans son univers pop aux tons pastel.
Originaire d’Arménie, Karen Khachaturov, 27 ans, s’est tourné vers le 8e art en 2014, après avoir rêvé de devenir compositeur. Ses créations suscitent rapidement un vif intérêt, et deux ans plus tard, son travail est exposé à Tbilisi, puis à Cuba, Beijing, Israël et New York. Le photographe développe un univers conceptuel aux tons pastel, habités par d’étranges individus. « Mon approche du médium photographique est à la fois surréaliste, sarcastique et bariolée », précise l’artiste, qui construit avec minutie son propre monde, un territoire hors du temps, dont les couleurs – bien que non retouchées – évoquent une ère rétro disparue. Dans ses décors d’apparence artificielle, des hommes et des femmes apparaissent, çà et là, le visage recouvert de divers accessoires.
S’aventurer au-delà du rêve
« Les couleurs qui composent mes mises en scène symbolisent l’utopie, et ces personnages bizarres, la dystopie »,
déclare Karen Khachaturov. Si la simplicité des compositions encourage une lecture aisée des images, ces détails insolites invitent l’illogique dans la narration. C’est cet entre-deux, cette frontière entre l’ordinaire et l’absurde que le photographe affectionne. Une inquiétante étrangeté qui semble inspirer notre inconscient. Qui sont ces femmes, anonymes, aux têtes en forme de tubes ? Que symbolisent ces masques d’animaux ? L’artiste ne semble pas vouloir répondre à ces interrogations, préférant donner la liberté aux regardeurs de laisser leur imagination divaguer. Transformées en curieuses créatures, les figures qui peuplent ce théâtre rose et faussement innocent osent s’aventurer au-delà du monde des rêves, jusque dans notre réalité. Une fausse légèreté que l’auteur développe également dans un autre projet, dédié à son grand-père, atteint d’un cancer. Dans ses images, il le met en scène avec humour, et démystifie les notions de peur, de vieillesse et de deuil.
© Karen Khachaturov