La galerie Rabouan Moussion invite entre ses murs le photographe Vincent Fournier, jusqu’au 27 avril. L’exposition revient sur le travail incessant de cet artiste pour définir les architectures du futur et les contours des utopies contemporaines.
Dans Dysnomia, présentée à la galerie Rabouan Moussion à Paris, le photographe Vincent Fournier explore les espaces entre rêve et réalité. Une première exposition qui met en exergue les points saillants de son œuvre. Ses prises de vue ne sont pas définies, elles débordent du cadre et donnent vie à des formes inattendues. Des paysages qui demeurent dans le flou. Dans ce voyage, les choses ne sont pas toujours identifiables et les temporalités se mélangent comme dans un monde fabriqué à l’envers.
L’événement présente plusieurs séries. Les prises de vue de Brasilia, construite en 1957, l’année du premier satellite dans l’espace, se concentrent sur les architectures métaphysiques. Une ville « futuriste », incarnant une certaine utopie révolue. Avec les compositions florales de Flora incognita, le photographe montre ensuite que le vivant est loin d’être stable, mu par transformation permanente. La technique de représentation de ces fleurs combine photographie et post-photographie. Elle interroge également la mutation à l’œuvre sur le réel et ses doubles. Comme l’indiquent les galeristes, « Vincent Fournier explore les imaginaires du futur depuis une vingtaine d’années. Il cherche dans notre présent des éclats d’avenir, les traces d’un futur « de l’autre côté du miroir » où l’on se souvient de ce qui va arriver. »
La sci-fi en photographie
Si on voulait résumer le travail de Vincent Fournier, nous pourrions dire qu’il amène la science-fiction en photographie. Robots humanoïdes, animaux fantastiques, technologies avancées et exploration de l’espace : l’imagination de cet artiste est débordante. Après son exposition Uchronie, dans laquelle il imaginait une histoire de l’évolution animale alternative en créant des êtres loufoques, il revient avec Dysnomia. Le titre provient d’un satellite de la micro-planète Eris, qui orbite elle aussi autour du Soleil. Ce nom lunaire annonce la couleur de la série : une plongée dans l’utopie, dans l’imaginaire, dans la construction de mondes nouveaux. C’est encore une belle fable qu’il nous raconte, lui qui se déclare « nostalgique du futur de son enfance. » Il opère « à la croisée de la photographie traditionnelle et de techniques plus modernes, comme la modélisation 3D ou le filtrage informatique » et obtient ainsi un résultat étonnamment réaliste. Dans la série, le photographe met un temps de côté son obsession pour l’espace et essaie d’imaginer une réalité alternative ici sur Terre, faite de paysages de notre quotidien. Il continue ainsi sa quête de mythologies du futur et analyse leur impact sur notre perception du présent.