Cette année, MYOP fête ses vingt ans. À cette occasion et dans le cadre des Rencontres d’Arles, les photographes de l’agence présentent leurs images aux Douches municipales jusqu’au 5 octobre 2025. À cela s’ajoute la publication d’un ouvrage aux éditions Hoëbeke. Stéphane Lagoutte, directeur de la structure qu’il a rejointe il y a seize ans, nous parle aujourd’hui de ce projet qu’il a supervisé aux côtés de Guillaume Binet, fondateur de MYOP, et d’Antoine Kimmerlin, directeur éditorial.
Fisheye : En quoi l’agence MYOP est-elle parvenue à se distinguer des autres ?
Stéphane Lagoutte : Ce qui est intéressant, avec MYOP, c’est qu’on a du pur photojournalisme et de la pure photographie plasticienne, et il y a des passerelles entre les deux. On se rend compte que certains reporters s’essayent à des démarches artistiques. La plupart réussissent à développer plusieurs écritures en même temps. La rencontre des uns et des autres fait la richesse de la structure. On se connaît, on connaît nos travaux et, quelque part, ça nous amène à penser un peu plus loin nos propres photographies.
« À travers un même projet, on arrive donc à faire dialoguer les différents points de vue et l’on recrée un style propre à MYOP. »
Quel regard sur l’histoire avez-vous cherché à donner à travers ces points de vue ?
Quand il s’agit de regard sur l’histoire, il y a toujours un double niveau. Chaque photographe va avoir une vision particulière sur les événements qu’il a envie de relater. À travers la structure, on essaye de réunir ces écritures dans un certain nombre de projets pour aborder une thématique particulière. Par exemple, Politique paillettes était sur la campagne présidentielle de 2017. L’un des photographes nous a trouvé une carte blanche avec les éditions Robert Laffont, qui ne sont pas spécialisées dans la photo, mais qui ont eu envie de nous faire confiance sur comment montrer la politique autrement. À travers un même projet, on arrive donc à faire dialoguer les différents points de vue et l’on recrée un style propre à MYOP. Le regard de l’agence s’inspire de l’ensemble des écritures des photographes, car il dépend de ce que rapporte chacun de nous. Là, pour les vingt ans, on a seulement travaillé avec celles et ceux qui sont actuellement dans l’agence, ce n’est pas un livre d’anthologie sur ce qu’on a fait depuis les débuts.
Comment ce livre s’articule-t-il ?
C’est un livre assez épais, il fait 520 pages et n’a pas de couverture, si ce n’est une sérigraphie sur un film transparent que l’on peut enlever. De cette façon, on accède directement à la première page, qui commence en 2005. La dernière se termine en 2025. Cela forme un bloc d’histoire, un extrait tourné vers la suite. Chaque photographe doit avoir 40 images publiées au total. Il fallait que chacun se sente représenté alors on parle autant des changements de régime en Syrie que de questions intimes en Géorgie. Chacun constitue le propos global. Cela dit, certaines thématiques sont constantes comme l’intimité, l’exil et la guerre, parfois la précarité, et la nature de temps en temps.
« C’est comme une naissance. Il faut envisager la suite et penser à l’avenir. »
Avec les photographies d’Ed Alcock, Guillaume Binet, Julien Daniel, Agnès Dherbeys, Laurence Geai, Pierre Hybre, Olivier Jobard, Alain Keler, France Keyser, Oan Kim, Olivier Laban-Mattei, Stéphane Lagoutte, Jean Larive, Ulrich Lebeuf, Zen Lefort, Olivier Monge, Julien Pebrel, Chloé Sharrock, Michel Slomka et Adrienne Surprenant
512 pages
42 €
Qu’en est-il de l’exposition ?
Pour l’exposition, dont Fannie Escoulen et Cyril Delhomme se sont respectivement occupés du commissariat et de la scénographie, c’est différent. Une première salle présente tous nos ouvrages collectifs, raconte la structure, donc tout le monde s’y retrouve. Ensuite, dans la deuxième partie, il y a une double projection, en recto verso. Des milliers de photos de nos archives défilent chronologiquement à un rythme de 25 images par seconde, ce qui est très rapide. En s’approchant, le spectateur va ralentir la vidéo et la rendre lisible. Entre ces deux espaces se trouvent vingt douches et, comme nous sommes justement vingt photographes, chaque porte présente un morceau d’image rétroéclairé. Cela forme un tunnel qui plonge dans l’ambiance du film. L’ensemble est axé sur l’aspect collectif du groupe.
Que retenez-vous de ces vingt ans ?
Tout l’enjeu de nos vingt ans, c’est d’avoir vingt ans en quelque sorte. C’est comme une naissance. Il faut envisager la suite et penser à l’avenir. Cet anniversaire est aussi l’occasion d’être en mouvement, et on n’arrête pas le mouvement.
Le livre MYOP, 20 ans d’une histoire en mouvement est disponible en exclusivité à l’exposition aux Douches municipales et dans les points de vente des Rencontres d’Arles. La sortie nationale aura lieu en octobre 2025.