Will Matsuda : le temps des fleurs et de l’incendie

02 décembre 2022   •  
Écrit par Ana Corderot
Will Matsuda : le temps des fleurs et de l'incendie

« La couleur est un sujet digne d’intérêt, tout comme un être humain, une famille ou un bâtiment. Plus que des couleurs vives, j’en recherche des riches qui évoquent des sentiments, des souvenirs, ou qui sont simplement agréables à regarder », affirme Will Matsuda. Né à Portland dans l’Oregon, le photographe et écrivain s’est vu grandir au contact du 8e art, empruntant à ses débuts le boîtier numérique de sa mère. Inspiré par l’esthétique des photographes d’Asie de l’Est, tels que Rinko Kawauchi, Ren Hang ou encore Lieko Shiga, l’artiste conçoit l’image comme un catalyseur de beauté, quelle qu’elle soit. Pour deux de ses séries, Hanafuda et Afterglow, il a traduit, avec un lyrisme assumé, le passage du temps ou de l’homme sur l’environnement. Dans l’une, il s’est littéralement inspiré d’un jeu de cartes japonais représentant des fleurs et des animaux saisonniers et symboliques. Dans l’autre, il a examiné les aléas de la crise climatique en se concentrant sur le nord-ouest du Pacifique, et plus précisément sur les incendies qui prolifèrent dans la région. « Je suis particulièrement intéressé par les moments où je me sens menacé, détaché ou dévasté, et par le fait que ces moments sont souvent visuellement beaux. Je veux remettre en question l’esthétisation de notre marasme existentiel et ce que cela signifie pour les récits sur le changement climatique, mais aussi pour moi, en tant que photographe. » Dans les images de Will Matsuda, le présage d’une destruction inévitable s’écrit sous des lunes rousses, dans l’air majestueux d’un vol d’oiseau, ou dans le brouillard d’une matinée en altitude. Conscient et préoccupé par l’état de notre société ultra-capitaliste, l’artiste écrit ses propres prophéties, oscillant entre humour et désillusion, à la manière de l’auteur Joey Yearous-Algoein qu’il admire. « Si je devais choisir un poème pour représenter mon œuvre, ce serait cet extrait issu de A Feeling Called Heaven », conclut-il d’ailleurs.

et ainsi
au lieu de l’avarice
nous trouvons le plaisir
au lieu de la tristesse
il y a ce sentiment qu’on appelle le paradis

© Will Matsuda

 

© Will Matsuda

 

© Will Matsuda

 

© Will Matsuda

 

 

© Will Matsuda

 

© Will Matsuda

 

© Will Matsuda

 

 

© Will Matsuda

 

 

© Will Matsuda

 

© Will Matsuda

 

© Will Matsuda

 

© Will Matsuda

 

 

© Will Matsuda

© Will Matsuda

Explorez
La sélection Instagram #483 : vent glacial
© Kim Kkam / Instagram
La sélection Instagram #483 : vent glacial
La première neige de la saison est tombée. Le froid s’installe doucement dans notre sélection Instagram de la semaine. Les artistes...
03 décembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Charles Xelot et les marins qui se confrontent à l'Arctique
© Charles Xelot
Charles Xelot et les marins qui se confrontent à l’Arctique
Spécialisé dans les environnements extrêmes depuis une dizaine d’années, Charles Xelot a longtemps travaillé sur les changements de...
26 novembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Dans l’œil de Sophie Alyz : les raisons qui font vriller un clocher
© Sophie Alyz
Dans l’œil de Sophie Alyz : les raisons qui font vriller un clocher
Cette semaine, plongée dans l’œil de Sophie Alyz. Dans Les Atomes à coquille, une série actuellement présentée au festival Planches...
25 novembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Chaumont-Photo-sur-Loire, une 7ᵉ édition où la  poésie tutoie l'engagement écologique
Décolorisation, 2024 © Letizia Le Fur, courtesy Galerie Julie Caredda – Paris
Chaumont-Photo-sur-Loire, une 7ᵉ édition où la poésie tutoie l’engagement écologique
Sur les bords de Loire, dans l’idyllique domaine du château de Chaumont-sur-Loire, se sont installées cinq expositions qui célèbrent la...
23 novembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Motel 42 : Eloïse Labarbe-Lafon peint le décor d’un road trip
© Eloïse Labarbe-Lafon
Motel 42 : Eloïse Labarbe-Lafon peint le décor d’un road trip
Composé d’une quarantaine de portraits pris dans des chambres durant un road trip, Motel 42 d’Eloïse Labarbe-Lafon s’impose comme un...
Il y a 6 heures   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Jeanette Spicer : femme en trois corps
© Jeanette Spicer
Jeanette Spicer : femme en trois corps
Dans sa série au long cours To the Ends of the Earth, Jeanette Spicer a réalisé un projet ambitieux : capturer trois corps sur douze...
Il y a 11 heures   •  
Écrit par Hugo Mangin
Mame-Diarra Niang : photographe de l'évanescence
© Mame-Diarra Niang
Mame-Diarra Niang : photographe de l’évanescence
Remember to Forget, à la Fondation Henri Cartier-Bresson, est la première monographie française de Mame-Diarra Niang. Dans ses séries...
05 décembre 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Paris 2024 : Terrain de jeux pour les photographes
Sarah Aubel / Paris2024
Paris 2024 : Terrain de jeux pour les photographes
De l’émotion, du sport, un moment historique. Trois des 15 photographes commissionné·es par Fisheye Manufacture pour couvrir les Jeux de...
05 décembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger