Fisheye Magazine : Comment définirais-tu ton approche de la photographie et que cherches-tu à exprimer à travers l’objectif ?
Matthieu Litt : Disons que mon approche est au maximum personnelle, je suis plus à la recherche d’ambiances que j’ai en tête que d’évènements exceptionnels. J’essaye de présenter une version alternative de la réalité. Horsehead Nebula est une illustration de l’ailleurs, un endroit imaginé, mais dont les images sont issues d’un paysage bien réel.
Que signifie ce titre ?
La nébuleuse de la Tête de Cheval est une nébuleuse de la constellation d’Orion, il s’agit d’un nuage de poussière et de gaz, qui observé depuis la Terre prend la forme d’une tête de cheval.
Pourrais‐tu résumer en quelques mots l’histoire que raconte ce travail ?
Pour moi ce titre fait référence aux thèmes parcourus dans mon livre; une région distante et tellement différente [de l’Occident], ou la culture du cheval et des grands espaces tient une place prédominante. C’est comme une autre galaxie, située à la limite de ce que nous connaissons.
Où ont été prises les photos ? Quelles émotions t’ont inspiré ce(s) lieu(x) ?
Ces images proviennent du Faristan, disons un composite d’anciennes républiques Soviétiques. Il y règne une sérénité et un rythme très spécial, et l’espace y est immense, ce qui m’a beaucoup inspiré.
Ses paysages sont très présents. Peux-tu nous expliquer comment tu as construit Horsehead Nebula ?
La série s’est construite au fur et à mesure des rencontres, comme je n’ai aucune volonté documentaire, j’y présente ce qui m’a le plus marqué là-bas, c’est un point de vue subjectif. La séquence de toutes les images du livre propose un voyage, mais dans lequel chacun pourra j’espère trouver quelque chose de différent.
Quelle place les portraits tiennent‐ils dans ce travail ?
L’espace et la densité de population sont très différents là-bas de ce que nous connaissons, les paysages vides sont plus légion que les villages peuplés. Je voulais donc illustrer l’isolement des personnes qui y vivent en s’adaptant aux saisons malgré la rudesse du climat. Il y a eu une connivence avec [certains d’entre eux] et juste un bref échange avec d’autres. Là-bas, il y a aussi une variété d’ethnies différentes. J’ai voulu mélanger tout ça.
Tu portes aussi beaucoup d’attention aux détails et aux objets. Qu’est-ce qui t’attire dans cette forme d’immobilité ?
La nature est grandiose là-bas, j’y vois une trace de l’activité de l’homme qui vient interrompre de temps à autre cette quasi perfection. Ces traces ou constructions humaines sont aussi souvent altérées par les caprices du temps, la boucle est bouclée.
Ton image préférée de la série ?
Je dirais celle du cheval seul dont les pattes sont entravées (ndlr : il s’agit de l’image d’ouverture). Je trouve assez paradoxal et métaphorique le fait d’être immobilisé dans un espace qui semble infini comme celui-là. Les chevaux sont parfois attachés de la sorte la nuit pour éviter qu’ils ne s’enfuient vers d’autres horizons.
En (sa)voir plus
Ouvrage auto-édité, 128 p.
Édition limitée à 300 copies.
Prix : 29 euros.
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