Ce jeudi 2 juin, le Prix Niépce Gens d’Images a dévoilé le nom de son 67e lauréat qui n’est autre Julien Magre ! Dans ses séries, le photographe français aime à réinventer l’intime de telle sorte à ce que chacun puisse y projeter des réalités qui lui sont propres.
Initié en 1955 par Albert Plécy, le Prix Niépce Gens d’Images s’est imposé comme la toute première récompense en France à valoriser le travail de photographes professionnels. À l’époque, son instigateur avait la volonté d’offrir de la visibilité à des êtres talentueux, mais encore inconnus du grand public. Cette vocation tout à fait louable a su perdurer et entretenir son prestige historique. Au fil des ans, le Prix a convaincu un nombre important d’institutions qui n’a eu de cesse de croître. Parmi elles, le ministère de la Culture, la Bibliothèque nationale de France, l’ADAGP, la fondation Picto, mais également le Jeu de Paume. Chaque année, entouré de ses fidèles partenaires, il s’attache ainsi à reconnaître le grand œuvre d’artistes comme Stéphane Lavoué, Marina Gadonneix ou encore Grégoire Eloy pour ne citer qu’eux.
Ce mardi 31 mai, le jury – présidé par Héloïse Conésa, conservatrice pour la photographie contemporaine au département des Estampes et de la photographie – s’est réuni et s’est accordé sur un nom : celui de Julien Magre. L’artiste aura l’occasion de parler de son travail le 22 juin 2022 lors d’un atelier Gens d’Images, organisé au sein de l’auditorium de l’ADAGP. Cette dernière, associée à la Picto Fundation, lui attribue une dotation de 15 000 €. Enfin, la BnF, le Jeu de Paume de Tours et la Galerie Dityvon-Université d’Angers accueilleront tour à tour une exposition de ses tirages.
Annihiler toute distance avec le sujet
« Je ne cherche pas l’image spectaculaire », annonce Julien Magre dans la note d’intention de son dossier candidature. Depuis 1999, l’artiste de 49 ans, diplômé des Arts décoratifs de Paris, immortalise les êtres et les paysages qui composent son quotidien, ces « choses minuscules qui [lui] ont sans doute sauvé la vie ». Cette célébration de l’existence s’est alors très vite imposée comme une nécessité. Le corpus qu’il a soumis s’intitule, d’ailleurs, à juste titre « En vie ». Avec poésie, il cristallise ces fragments d’intimité, de sa muse Caroline, photographiée au tournant du millénaire, à la famille qu’ils ont fondée, profitant de la Toussaint pour séjourner sur les côtes bretonnes.
Soutenu par Philippe Guionie, le directeur de la Résidence 1+2 « Photographie & Sciences » a tout de suite été touché par ses clichés. « Je n’avais jamais rencontré Julien Magre avant de le parrainer pour le prix Niépce, édition 2022 et pourtant, les photographies de sa famille m’étaient déjà presque toutes familières. […] Je ressentais et je ressens toujours un étrange et doux sentiment d’appartenance. Cette famille est aussi quelque part la mienne », affirme-t-il. Les images de Julien Magre réussissent alors avec force un pari d’envergure. Qu’elles mettent en scène sa véritable famille ou celle qu’il se découvre comme le monde hippique, il parvient à annihiler toute distance entre les sujets et ceux qui les observent au travers du médium photographique.
© Julien Magre / Courtesy Galerie Le Réverbère