Alors que la crise sanitaire a entraîné l’annulation de nombreux événements, le festival Les Femmes s’exposent annonce l’ouverture prochaine de sa troisième édition. Rendez-vous à partir du 7 août, à Houlgate, pour (re)découvrir cet événement 100% féminin.
« Le monde entier est impacté par le virus. Plusieurs festivals ont dû annuler leur édition 2020. (…) Mais nous avons à cœur de maintenir, pour sa troisième édition, le festival Les femmes s’exposent »
, déclare Béatrice Tupin, directrice de l’événement. Entièrement consacré aux femmes photographes, le festival s’attache, depuis sa création, à révéler la créativité des artistes féminines, toutes écritures photographiques confondues. « Il ne s’agit par d’être en opposition aux hommes et à nos confrères. Les femmes s’exposent existe pour tenter de réparer, compenser le manque de visibilité des femmes, et susciter de nouveaux talents », poursuit la directrice.
Du 7 août au 25 septembre prochain, 14 expositions, trois prix et deux projets pédagogiques seront présentés à Houlgate, en Normandie. Une programmation riche, tissant des liens entre les grandes femmes du 8e art, et les auteures émergentes. Enjeux environnementaux, guerres et conflits, portraits de territoires en pleine évolution, représentations de la féminité… Les photographes invitées retracent le passé et esquissent un futur complexe et nébuleux.
© Christine Spengler
L’ici et l’ailleurs
Marraine du festival, Christine Spengler ouvre le bal. Photographe, artiste plasticienne et écrivaine, c’est au Tchad, à 25 ans, qu’elle découvre sa vocation, en capturant deux combattants Toubou, armés de kalachnikovs. L’espoir au milieu des ruines, rétrospective de ses clichés de guerre, révèle un désir de « fuir le sensationnalisme, pour [s]’intéresser davantage aux survivants qu’aux morts ». Dans un univers noir et blanc, ses sujets – souvent des femmes et des enfants – deviennent des symboles d’espoir dans un monde anéanti.
Née d’une mère tchèque et d’un père algérien, Nadia Ferroukhi voyage depuis sa tendre enfance. Nomade dans l’âme, elle explore le monde et construit des récits atypiques, capturant des populations en marge avec intelligence. Au nom de la mère, le matriarcat en question explore le rôle, et l’image des femmes aux quatre coins du monde. Symboles de pouvoir, responsables de la vie économique et sociale de leurs communautés, ces role models, venues de onze pays différents s’imposent comme des figures fortes, exemplaires.
Après avoir voyagé dans les territoires postsoviétiques pour documenter une jeunesse marquée par la guerre, Aude Osnowycz se concentre, dans Génération Poutine, sur la Russie. « Ils ont entre 7 et 20 ans, et ont en commun de n’avoir connu qu’un seul président, qui règne sans partage sur l’une des plus grandes puissances du monde », déclare-t-elle. Au cœur de son travail, écoles militaires, jeux de guerre et clubs patriotiques croisent l’influence grandissante de l’Europe de l’Ouest et des États-Unis. Entre embrigadement et fascination pour l’inconnu, ces adolescents grandissent dans un univers fait de contradictions.
L’ici et l’ailleurs. Avec détermination, les 14 femmes photographes exposées dépeignent un monde changeant. De la familiarité à l’inexploré, elles découvrent, documentent et révèlent les violences, comme les beautés de notre planète.
Du 7 août au 25 septembre
Houlgate
© Nadia Ferroukhi
© Aude Osnowycz
© Lisa Roze
Image d’ouverture : © Christine Spengler