Philippe Fourcadier, 63 ans, nous propose avec L’impossible silence un autre regard sur la Syrie. Depuis 2015, le photographe documente le conflit syrien en symboles et à distance. Son travail est exposé à la Galerie Passages, à Sète, jusqu’au 23 décembre.
« En novembre 2015, je lis un reportage paru sur le “Nouvel Observateur” et en particulier le témoignage poignant d’une femme qui vit à Alep avec ses deux enfants. C’était au moment où les bombardements entre la Russie et la Syrie étaient les plus soutenus » se souvient Philippe Fourcadier. Et les mots de la femme racontant ses angoisses nocturnes résonnent encore. Cette inconnue vivait à Alep tandis que le photographe se trouvait à Montpellier. Philippe n’est pas un photoreporteur mais un photographe sensible aimant particulièrement raconter des histoires. Et celle qu’il a choisi de conter ici peut déstabiliser.
La ville sous la guerre
Son écroulement
Sa ruine
Qu’écartèlent
Les rues décapitées
Photographier la guerre autrement
« J’aime travailler sur un fait réel, le détourner ». L’impossible silence relève de la fiction puisque Philippe ne s’est jamais rendu en Syrie. Il a utilisé des matériaux provenant des médias pour construire sa série, réalisée en France. Son objectif ? « Photographier la guerre autrement, à savoir à distance. » Et c’est en symboles qu’il a choisi de raconter les évènements syriens. Une statue décapitée rappelle par exemple la prise de contrôle de Palmyre par l’Etat islamique tandis qu’une maison délabrée fait écho aux bombardements quotidiens. Certes, le sujet demeure exigeant mais ses images ne sont que des suggestions. Aucune explication n’accompagne ses images sombres, seuls quelques lignes de poésie de Jean-Claude Feuillarade guide le spectateur. Le photographe reconnaît volontiers qu’il donne peu de repère mais c’est, selon lui, pour « ouvrir la discussion », précise-t-il.
© Philippe Fourcadier