En 2016, le photographe français Thomas Jorion a sillonné l’Italie à la recherche de palais oubliés. Dans sa sérieVeduta, exposée à la Galerie Esther Woerdehoff, il présente ses ruines poétiques, vestiges du passé.
« J’ai toujours été passionné par les lieux de mémoire et la trace de l’homme. Ainsi mon travail s’est articulé autour de cette notion »,
explique le photographe Thomas Jorion. Il présente, à la Galerie Esther Woerdehoff, ses vedutas, une plongée dans l’Italie du passé. Sur les murs de la galerie, palais désertés, jardins sauvages, et masserias se côtoient et présente un paysage poétique et déchu. « L’idée de photographier ces lieux oubliés m’est venue lorsque je suis allé imprimer mon précédent livre à Vérone, en 2016, raconte l’artiste. Je suis allée visiter quelques palais que j’avais découverts des années auparavant, puis j’ai sillonné l’ensemble du pays, avec l’idée de garder une trace de ces lieux qui cesseront bientôt d’exister ».
Fasciné par l’impact de l’humain sur son environnement, le photographe a pris le temps de poser son regard, en utilisant une chambre photographique grand format pour réaliser cette série. « Elle me permet de mettre en œuvre ma recherche graphique, ou d’abstraction dans les paysages », commente-t-il. Une manière de plonger dans l’histoire de ces espaces, et d’en saisir chaque nuance.
Pénétrer dans un palais italien oublié
L’exposition invite le spectateur à s’immerger dans un autre temps. Colorés et hypnotiques, les clichés évoquent des ruines, abritant de nombreux trésors. « Nous avons essayé de faire en sorte que le visiteur ait le sentiment de pénétrer dans un palais italien oublié », précise Thomas Jorion. Si l’auteur ne possède pas de formation artistique, c’est le cinéma qui l’a inspiré. Les décors étranges et oniriques de Blade Runner ou l’univers de David Lynch dégagent une atmosphère qu’il aime inviter dans ses séries. Une esthétique qui déconstruit notre vision de la réalité. « Ces lieux sont des capsules temporelles, belles et dignes dans leur solitude. Témoins d’une époque révolue, elles demeurent silencieuses et méditatives », confie le photographe, qui joue avec l’idée d’universalité. Ces paysages sont-ils des décombres du passé, ou représentent-ils un futur dépeuplé ?
Veduta, appelée ainsi en référence aux peintres de la Renaissance italienne, qui utilisaient la camera obscura pour peindre des paysages urbains, se veut théâtrale. Si Thomas Jorion ne met pas en scène les espaces qu’il capture, l’esprit des lieux s’invite pourtant au récit. Un voyage intemporel dans des ruines magnifiées.
Du 7 février au 6 avril 2019
Galerie Esther Woerdehoff, 36 Rue Falguière, Paris 15
© Thomas Jorion